Le nez de Michelle vaut tout l'or du monde.

Où comment un professeur (nommé Tardivet) rencontre par la voie des petites annonces sa future épouse, et lui rend la vie impossible. Après un accident de voiture qu'il subit, elle se fait proposer une opération pour changer de visage, ce qui ne plaira pas du tout à son mari...


Précédé d'une réputation très flatteuse, on a droit à un drame qui montre en plus de la chirurgie esthétique la soumission d'une femme à son homme, malgré elle. Dans ce mariage plus ou moins arrangé, elle se rend compte qu'elle n'est plus rien, ne vit que pour sa famille, n'existe plus pour elle-même. Car elle a raté le véritable amour de sa vie, parti épouser sa sœur et on voit bien que son mariage avec Tardivet est plus ou moins une façon pour sa famille de sauver les apparences et qu'elle ne reste pas une vieille fille.


Dans un contre-emploi total, qui mêle à la fois la cupidité et une forme de méchanceté, Bourvil est formidable, un de ses meilleurs rôles, et qui ne laisse jamais croire qu'on a un comique à l'écran. Au départ, il se révèle gentil, puis dès qu'il a ce qu'il veut, il redevient veule, se fichant de sa femme qui lui a donné deux enfants. A ses côtés se trouve une magnifique Michelle Morgan qui est cette femme bafouée, et qui n'a pas confiance en elle au départ à cause de son physique disgracieux, en particulier son long nez.


Le film a d'ailleurs été vendu sur la laideur de Morgan, méconnaissable au départ, puis, l'accident de voiture de son mari va donner l'occasion de rencontrer son médecin, joué par l'excellent Gérard Oury (et avec qui elle va vivre jusqu'à la mort de ce dernier) qui va la pousser à devenir ce qu'elle voudrait être, à savoir une femme désirable, émancipée, différente.
Arrive alors le "choc" de voir le visage immaculé de Michelle Morgan, soudain resplendissante de beauté, ce qui va provoquer une crise chez son mari, qui sent qu'elle s'échappe de son emprise.


Le film parle constamment de la condition des femmes, liées à leur mari, et dès qu'elles s'émancipent, c'est la catastrophe ! Ce qui va se passer dans le film, avec un final tragique, mais j'y reviendrais.
Superbement filmé et photographié, il faut saluer le talent d'André Cayatte, qu'on résume un peu trop à ses films-dossiers des années 60, en mettant en avant ce superbe film, et quels acteurs !
Je reproche juste ce final assez moralisateur, où le film semble revenir au point de départ. Si il se serait arrêté trente secondes plus tôt, on aurait touché au chef-d’œuvre, mais en l'état, j'ai adoré cette histoire, qu'on pourrait très bien remettre au gout du jour.

Boubakar
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le 19 avr. 2015

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