Portrait d'un enfant déchu
Le Miroir aux espions est le livre de John Le Carré qui suivra son Espion qui venait du froid et donc sa consécration internationale, nous ne sommes pas encore dans la grande saga de George Smiley, même s'il apparait brièvement dans l'ouvrage, mais déjà dans ce regard si caractéristique qu'il pose sur "Le Cirque" et cette façon si britannique de faire le sale boulot comme si on revenait du golf en attendant sa tasse de thé...
Comme L'Espion quelques années plus tôt, Le Miroir va connaître une adaptation cinématographique, ce dont vous vous doutez vu que nous sommes sous sa fiche.
Un vague détail à vérifier va obliger les espions britons à convaincre et former un jeune Polack en vu de l'envoyer de l'autre côté du Mur, en Allemagne de l'Est...
Le film possède tout le charme et la lenteur des films d'espionnage de son époque, je parle bien sûr de sa veine sérieuse, avec ça, il est un peu appuyé par certains côtés et manque de ce petit quelque chose qui transcenderait le récit, mais bon, ça se regarde très bien tout de même, surtout parce qu'il y a Christopher Jones dedans...
Christopher Jones, vous ne devez pas tous connaître, c'est un peu son deuxième film le plus célèbre là, et au moment où j'écris ces lignes, personne n'essaie de me contredire sur la note...
Christopher Jones est un ricain qui doit avoir passé les soixante-dix ans maintenant, il s'est vu peintre dans sa jeunesse, est un peu tombé amoureux de la fille de Lee Strasberg, en a profité pour suivre ses cours, a joué La Nuit de L'Iguane à Broadway et Jesse James dans une série TV puis tout de suite les jeunes premiers de cinéma, suffit de le voir sur un écran pour comprendre... Il n'a pas trop apprécié le tournage interminable de La Fille de Ryan, ni la mort de Sharon Tate qu'il aurait gentiment lutiné dans le dos de Polanski pendant sa grossesse de tragique mémoire... Avec tout ça, allez savoir pourquoi il a tout laissé tomber dans la fleur de l'âge, histoire de vivre de ses rentes, de peindre et de faire des gosses à de jolies femmes.
N'empêche quand on le voit là-dedans, avec sa gueule de Delon faussement slave, on se dit qu'il y avait un vrai potentiel de star là-derrière, malgré la coupe de minet et les lunettes de cador, on se dit aussi qu'on est pas le seul à le penser, vu que Tarantino le voulait pour un rôle dans Pulp Fiction, même qu'il a pas accepté...
Retraité à 29 ans le type, un modèle pour vous tous, un rêve perdu pour moi, trop vieux, déjà...