Le monde de Dory, film sorti en 2016, est le premier spin-off d’un univers de Pixar, à savoir celui du monde de Nemo, sorti en 2003. Pourtant, Le monde de Dory n’est pas la première extension d’un univers réalisé par Pixar, puisque Toy Story, Monstres et Cie et Cars ont connu des suites ou préquels. Avec des succès divers d’ailleurs. Les suites de Toy Story ont toutes été encensées, globalement, Cars et Monstres et Cie ont eu moins de succès (critique et box-office). En ce qui concerne le box-office d’ailleurs, Le monde de Dory a eu un succès astronomique, récoltant 1 024 000 millions de dollars dans le monde. La question que l’on peut se poser derrière ce chiffre est s’il est dû à la qualité du film en lui-même ou s’il est davantage motivé par une promotion bien maîtrisée ou par une hype liée à une suite. Il est impossible d’avoir une réponse sans nuance, puisque le box-office est régulièrement un mixage de tous ces points, mais certains ont plus d’importance que d’autres selon les films. Que peut-on en dire pour celui-ci ? Le film réussit-il à bien étendre l’univers qu’il a mis en place dans le premier volet ?
Des points négatifs qui placent ce film bien en-dessous de son aîné
Le premier point le plus évident est qu’il souffre de la comparaison avec le premier volet sur de nombreux points, et on ne peut pas passer à côté et les oublier. Au niveau du rythme, pour commencer. Dans Le monde de Nemo, le film n’a presque aucun temps mort. Dans Le monde de Dory, pour le coup, le milieu du film est assez faible et on est moins intéressé par l’histoire. L’histoire en elle-même manque clairement de fougue, bien qu’elle soit intéressante. Mais scénaristiquement elle ne va pas bien loin, elle est un semi remake du premier, avec une tentative d’évasion dans un environnement urbain, un voyage à travers l’océan, une quête vers un être cher. Également, l’humour fonctionne moins bien que dans le premier, même s’il reste de qualité. En restant sur la comparaison, je ne peux m’empêcher de penser que les personnages manquent, à de rares exceptions, de charisme et de profondeur par rapport au monde de Nemo. On ne retrouve pas de Gill, le chef de l’aquarium, ni de requins comme Bruce, avec son humour savoureux.
Lorsque je parlais de scénario, il y a également des choses dérangeantes, des ficelles que je retrouvais moins auparavant dans Nemo. Pour ne donner qu’un exemple, il y a bien évidemment le fait que Dory semble se souvenir des choses aux bons moments, quand cela arrange le scénario. Elle n’oublie pas le fait qu’elle cherche ses parents, ni qu’elle connaît Hank ou certaines de ses discussions avec lui. Il est vrai que c’était également un reproche que j’ai vu pour le premier volet, mais pour le coup je trouve que c’était moins évident. Outre le scénario qui est plus enfantin, je trouve aussi que certains personnages ne rehaussent pas non plus le niveau. La baleine Destinée n’apporte pas grand chose à part être le personnage bébête du film, avec des dialogues parfois à la limite du ridicule ou du supportable, selon le cas. Les dialogues en baleine, je peux le supporter dix ou quinze secondes grand maximum.
Une plus large présence de points positifs, qui rendent le divertissement agréable
Pour commencer dans les points positifs du film, je pense que le plus évident est l’animation. On sent bien que les 200 millions ne sont pas partis dans les poches d’ignorants et d’incompétents. Pixar a cette capacité de pouvoir s’améliorer sur la beauté des images, et si ce n’est pas sur le scénario qu’on ressent le progrès, c’est incontestablement sur l’animation qu’ils excellent le plus dans ce film. Nemo était déjà un beau film, bien animé, mais celui-ci est encore bien supérieur. On voit une fluidité impeccable, les personnages sont jolis, les décors bien travaillés. Et je dois dire que même si on apprécie pas ce film, cet avantage doit revenir dans les têtes tant il est criant.
J’ai parlé en mal des personnages plus haut, mais c’est vrai que certains sortent du lot. Il est difficile de faire plus mignon que le bébé Dory. Non seulement ce personnage est attachant, mais j’ai bien aimé aussi les visions de ces souvenirs et du comment ils ont tourné l’histoire.
En effet, au lieu d’avoir rendu une copie assez classique avec une enfance dans l’océan, on se rend compte en fait qu’elle est née dans un aquarium. PLOT TWIST.
Très honnêtement j’ai très bien aimé ce côté du scenario, c’est bien trouvé. Ensuite, le personnage de Hank, la pieuvre, est absolument génial. Je suis totalement fan. Son animation, sa façon de se déplacer, son humour et son côté faussement dur, il est très bien écrit et visuellement parfait. La scène où il réussit tant bien que mal à conduire un véhicule est excellente, tout autant que sa première rencontre avec Dory. Si son personnage avait été au centre de l’intrigue cela aurait décuplé mon plaisir. Enfin, mention spéciale aux loups de mer, qui ont leur côté amusant. Heureusement cependant qu’ils ne sont pas trop présents parce qu’ils peuvent vite devenir lourds. Mais les quelques secondes qu’ils ont à l’écran sont convaincantes et assez fun. En restant sur le thème de l’humour, il serait faux de dire que tout fût raté, bien au contraire. Il y a des très bons moments, notamment au début du film. J’ai en tête le moment où Nemo raconte l’histoire avec les trois requins du premier film. Au lieu de parler de trois requins, il en évoque quatre, ce qui permet à la fois de jouer sur notre mémoire et sur la dérision.
Enfin, dernier point et non des moindres, à l’image du premier volet, le film se veut porteur de messages. Il tente de sensibiliser contre les violences faites aux animaux, à l’image de cette scène où les enfants touchent les poissons dans le bocal, une scène à la fois choquante et gênante. Il veut sensibiliser contre les animaux mis en cage, dans les aquariums en ce qui concerne nos personnages. Il veut sensibiliser contre la destruction de leur habitat naturel, de temps en temps évoqué dans des dialogues. Le film joue là-dessus et c’est une bonne chose de parler de ces sujets aux nouvelles générations.
Ce film me laisse en définitive un peu sur ma faim. Alors certes il possède de nombreux avantages, ceux que je viens de décrire, il est à l’aise dans la gestion de son univers, mais le film aurait gagné à être plus original, à l’image du twist sur l’enfance de Dory, et plus rythmé. L’histoire manque clairement de punch et ce n’est pas la comparaison avec le premier volet qui lui vaut cela. J’aime bien citer Toy Story comme exemple, mais cette saga réussit parfaitement à gérer ses suites.
Le problème avec ce film, bien qu’il soit de bonne facture, c’est qu’on ne ressentait pas forcément le besoin de le faire à la base, et à la fin du film… on se pose toujours la question. Il n’a pas réussi à dissiper les doutes. On peut regretter que la saga Nemo possède un volet très éphémère, qui ne fera pas figure de classique dans nos étagères. Et je ne peux qu’espérer que les prochaines suites ou spin-offs de Pixar sauront à la fois profiter des avantages de ce long métrage et éviter les problèmes qui en font un film au final assez banal.