Alors celui là, je ne l'attendais pas...


Comment aurais-je pu penser que Romain Gavras qui réalise son deuxième film ici 8 ans après son premier essai se retrouve à réaliser l'une des comédies les plus réussies de ses dernières années. Et attendez, ne partez pas tout de suite, précision importante, je suis également entrain de vous dire qu'il s'agit d'une Comédie Française. Je sais que comme moi, vous souffrez de voir Christian Clavier utiliser les minorités pour les tourner en ridicule de manière grossière, le mec a bientôt 70 balais et n'a toujours pas compris la nuance entre rire avec et rire de.. ) que les Tuches vous filent des boutons, que Kev Adams et ses mimiques vous donnent envie de fissurer l'écran et que Dubosc et son Chirac feraient mieux de partir en retraite.


Mais voilà le film que l'on attendait plus et son intrigue qui dès les premières minutes laissent présager du bon. Un petit Dealer pour sortir d'un quotidien sans issue a un rêve, exporter le Mister Freeze au Maghreb et devenir leader sur le marché, le problème étant que la somme dont il avait besoin a été perdue par sa mère incarnée une Adjani déjantée et complètement à contre emploi. Il devra tenter de récupérer la somme dans un ultime coup avec deux looser, un beau père campé par un Vincent Cassel hilarant et un chef aussi stupide que violent surnommé Poutine.


Souvent la difficulté avec ces pitch de ce calibre, c'est de s'enfermer dedans, et de n'être rien de plus qu'un synopsis loufoque face auquel les spectateurs regrettent un potentiel inexploité.
Mais ici c'est tout l'inverse, Gavras s'éclate, dirige ses acteurs avec une maîtrise totale qui lui font entièrement confiance en retour pour se lâcher sans la moindre retenue de quoi rendre le résultat final jouissif et les rebondissements qui découlent de son récit de plus ambitieux font mouche à chaque coup.


Inspiré par le cinéma Italien des années 60, de ces braquages d'amateurs qui tournent mal, mais aussi par le montage et le décalage de situations burlesques qui donnent des scènes cocasses sans avoir à créer le gag comme chez Guy Ritchie, Le Monde est à toi s'appuie énormément sur ces personnages imparfaits mais traités avec une réelle tendresse par son réalisateur pour dynamiser constamment sa narration.


Mais c'est aussi pour sa qualité d'écriture que Le Monde est à toi restera dans les mémoires et ici il faut chercher la patte Tarantino dans les influences, ces dialogues qui fusent à contre sens de ce qui passe dans le champ, cet amour du verbe sans jamais pour autant plagier en y ajoutant une touche frenchies qui fait plaisir.


Romain Gavras avec son second long métrage frappe vite et fort avec une efficacité redoutable. Je lui souhaite un énorme succès lors de sortie en salle cet été, le 22 Août pour permettre d'ouvrir le champ à la comédie Française et montrer que nous aussi auparavant, on savait faire rire, qu'on avait de l'ambition dans la mise en scène, dans la construction de ses personnages, dans l'écriture et qu'on était pas obligé d'écraser l'autre pour y parvenir. Well Done Mr Gavras, votre film m'a fait un bien fou.

Créée

le 14 mai 2018

Critique lue 4.6K fois

58 j'aime

10 commentaires

Critique lue 4.6K fois

58
10

D'autres avis sur Le monde est à toi

Le monde est à toi
Kobayashhi
6

Poutine vs les Illuminati

Alors celui là, je ne l'attendais pas... Comment aurais-je pu penser que Romain Gavras qui réalise son deuxième film ici 8 ans après son premier essai se retrouve à réaliser l'une des comédies les...

le 14 mai 2018

58 j'aime

10

Le monde est à toi
Velvetman
7

True Romance

Tout festival de Cannes a besoin d’une petite bouffée d’air frais, de ce film qui pulse, et qui égratigne les rétines avec son côté pop débridé. Ça tombe bien, la Quinzaine des Réalisateurs 2018...

le 13 août 2018

56 j'aime

Le monde est à toi
EricDebarnot
4

La bêtise et la laideur

Un film qui commence sur une chanson de Michel Sardou va avoir du travail pour gagner mon adhésion. A moins que cela ne soit de la dérision, mais ça n'en devient pas moins impardonnable. "Le Monde...

le 4 sept. 2018

52 j'aime

36

Du même critique

Interstellar
Kobayashhi
10

All you need is love, love, love, love...

Aïe Aïe Aïe, nous y voilà, Interstellar, le film dont on ne doit pas prononcer le nom, celui qui déchaîne les passions, film de la décennie pour certains, arnaque pour d'autres. Déjà moqué pour ces...

le 6 nov. 2014

489 j'aime

23

Mad Max - Fury Road
Kobayashhi
9

My Name is Max, Mad max !

Putain........................... Du moment où les lumières se tamisent jusqu'au générique de fin laissant traverser le nom de Georges Miller, je suis resté scotché dans mon siège, halluciné par le...

le 14 mai 2015

302 j'aime

27

Whiplash
Kobayashhi
8

Do, Ré, Mi, Fa, Sol, La, Si, J.K FUCKING SIMONS

J'ai quitté la salle il y a quelques heures maintenant, et pourtant j'entends encore les baguettes claquer contre les cymbales avec une fougue hors norme, ais-je perdu la raison ou suis-je encore...

le 24 déc. 2014

269 j'aime

5