"The world is yours", le monde est à toi, est la promesse entêtante de l'Amérique consumériste à Tony Montana dans Scarface. Mensonge qui explique la trame du classique de De Palma: comment un gagnant dans l'âme quitte son petit boulot pour parvenir dans le grand banditisme. Il finit par mourir, sacrifié par les grands qui contrôlent la situation dans l'ombre et qui le rejettent, car il n'est pas des leurs.
Dans le miroir français, on choisit un loser dans l'âme qui voit dans un boulot légal l'occasion de quitter le petit banditisme: il réussit dans son projet et triomphe des leaders minables autour de lui (bien réels, par opposition aux leaders supposées dans l'ombre, des vidéos complotistes de Henry).
J'adore Romain Gavras. Depuis qu'on me l'a fait découvrir avec Stress, No church in the wild, ou encore ses pubs pour Adidas et Dior Homme, il représente pour moi un monument du clip.
En revanche, si j'admire son génie du court métrage, je n'attendais rien du côté du long métrage. Je n'ai pas vu Notre jour viendra, et je n'étais pas sûr de voir Le Monde est à toi: critiques mitigées, peur de la déception etc.
Autant dire tout de suite que j'ai été très, très agréablement surpris: non seulement le film avait ce côté jouissif des productions de Gavras, mais c'était également selon moi un bon film.
L'histoire, simple mais déja un peu absurde, permet un story telling efficace révèlant les trois forces du long métrage: des personnages tous plus savoureux les uns que les autres (un aspect moins présent dans les clips, forcément), un sens du rythme clairement hérité des clips (les mini clips transitions régalent), et un comique situationnel porté par tous ce qui est cité avant.
En clair, une histoire simple, drôle, des personnages losers, absurdes mais attachants, un rythme unique: une très bonne surprise.
Plaisir immédiat: 10/10
Plaisir post séance: 6/10
Impact social/politique/culturelle/artistique: 4/10
Qualité cinématographique: 7/10
Ambition: 6/10