On ne regardera pas Le Monde est à Toi pour l’originalité de son scénario. Cette histoire de type sympa en prise avec une mère/enfant, un vieux pote un peu con et des truands hystérico-pathétiques ne redéfinit pas le film de gangsters. En revanche, Romain Gavras lui apporte une humanité rarement vue dans ce genre d’exercice.
Car s’il y a bien une chose qui caractérise les personnages ici, ce ne sont pas leurs forces, mais leurs immenses faiblesses, leurs faillites affectives qui les font s’entredéchirer pour quelques biftons, enjeu ridicule, mais moteur de ce monde qui est à nous.
La bande-son est percutante, la réalisation inspirée et la direction d’acteurs peaufine cette superbe réussite hexagonale avec de jeunes loups (Karim Leklou, Oulaya Amamra, Sofian Khammes) très affûtés et des anciens (Adjani, Cassel, Damiens) qui s’amusent comme des petits fous. Quand on en ressort avec l’intime conviction qu’un Vincent Cassel bedonnant en marcel dans un camping-car c’est la norme, c’est bien que l’on a vu quelque chose de différent. Et rien que pour cela, jetez-y les deux yeux…