Le Monde ne suffit pas est un film d'action classique qui ne surprend jamais. Tout y est prévisible puisque le spectateur connaît le cahier des charges presque aussi bien que la production. C'est un film d'usine. On parviendra tout de même à apprécier certains moments (Q qui tire enfin ! sa révérence, remplacé par John Cleese - bon choix, mais trop évidemment engagé pour venir faire le pitre).
L'histoire débute dès le prégénérique, mais on met du temps à comprendre les différentes strates du scénario et la manière dont elles s'imbriquent ; ça manque de clarté. Autrement, c'est plutôt sympathique de revoir Zukovsky (Robbie Coltrane) croisé précédemment dans GoldenEye. Sophie Marceau passe la rampe, même si elle est clairement moins à l'aise dans certains passages, et Robert Carlyle est plutôt bon. Mais leur duo et leur histoire ne fonctionnent pas. On a également beaucoup de mal à trouver Denise Richards crédible. Trop jeune, elle fait plus étudiante de fac que docteur en physique nucléaire accomplie. Et le look Lara Croft est une intention un peu trop visible. C'est maladroit.
Si Demain ne meurt jamais était un robinet à image insipide, celui-ci remonte le niveau un peu au-dessus de GoldenEye, parce qu'on retrouve tout de même des instants de pauses entre des scènes non exclusivement faites de castagne, de poursuite ou de mitrailles. La descente à ski, qui rappelle beaucoup celle d'Au service secret de Sa Majesté (d'une construction similaire), est vraiment très réussie par exemple. En revanche, la scène du bateau qui circule dans les rues de Londres énerve prodigieusement dès le début, et ne donne pas envie d'être bienveillant avec le film (on repense tellement à la stupide gondole de Moonraker). Si seulement ils pouvaient mettre en veilleuse cette foutue propension à l'exagération.
Pour ce qui est de Brosnan, même si on s'habitue (parce qu'on n'a pas le choix), on a toujours du mal à croire à 100% que c'est bien lui, James Bond. Il lui manque toujours quelque chose de naturel qui ferait qu'on y croie volontiers (et qui manquait aussi à Roger Moore cela dit).
Mais on garde pour la fin ce qu'il y a de mieux dans ce film : "The World Is Not Enough" de Garbage qui est de très loin la meilleure chanson créée pour un générique de "James Bond" depuis celle de Duran Duran en 1985. Ça remonte.