La « légende » Jacques-Yves Cousteau s'est attaqué au cinéma durant un temps, notamment à travers ce « Monde sans soleil » ayant, quand même, obtenu l'Oscar du meilleur documentaire. Pourtant, le premier mot qui me vient à l'esprit, c'est « lol ». Ou « enfin » lorsque j'ai vu que mon calvaire était enfin terminé. Je ne comprends pas. À mon sens, le bide est total. Bon, si, je comprends un peu : l'idée d'un futur monde sous-marin crédible, où l'on nous explique le plus concrètement possible comment celui-ci fonctionnerait. OK, pourquoi pas. Encore faudrait-il des choix un minimum cohérents, parce qu'en tant que spectateur, cela n'a pas été loin d'être un supplice.
Sorte d'ancêtre du docu-fiction, le film nous promène pendant 90 minutes interminables, hésitant constamment entre contemplation, didactisme exacerbé et volonté de prendre très au sérieux cet univers aquatique. Résultat : la contemplation tourne court, le didactisme est vite gonflant et Cousteau n'a manifestement ni les moyens, ni le talent pour qu'on admire son œuvre. Juste un documentaire où l'on nous expliquerait cet autre univers avec dessins, images, éventuellement quelques immersions marines, oui. Une vraie fiction, mais du coup avec une histoire , des personnages, des rebondissements : aussi. Mais un mélange des deux, clairement pas.
Le pire, c'est que cela a dû demander un sacré travail et investissement personnel. Mais même les moments où l'on devrait être captivé, on a presque l'impression d'être dans un aquarium géant, et bien que je n'ai pas vu l'œuvre dans la meilleur copie qui soit, soyons honnêtes : aujourd'hui, en plus de ne pas être impressionnant, c'est surtout souvent terriblement ennuyeux. Je n'avais aucune idée de quand cela allait se terminer, prenant mon mal en patience en espérant que chaque séquence nous amènerait à la conclusion. Finalement, elle est presque arrivée un peu plus tôt que je ne craignais, n'empêchant nullement cette voix-off dont le démonstratif n'a d'égal que l'indicible lourdeur. Bref, si le projet avait peut-être de la gueule en 1964, il est peu dire qu'en 2019, « Le Monde sans soleil » n'en jette plus du tout, sabordant totalement ses quelques belles idées par son manque total de maîtrise visuelle et narrative. Un coup d'épée... dans l'eau.
PS : pas sûr que toutes ces machines ultra-polluantes en pleine mer soit franchement idéales pour sauver notre chère planète...