Premier film de Eugène Green, et le style est déjà là. Acteurs déclamant leur texte, histoire et mise en scène hors du temps et des modes. Ici une histoire de chevaliers combattant un ogre, comme dans les récits médiévaux, avec des interprètes en tenue contemporaine, mais des accessoires à l'ancienne, dont des bougies. Soit ce qu'on reverra (de façon un peu différente, Green a un style personnel, mais ne fait pas toujours le même film) dans son dernier film, Attarabi et Mikelats.
Le texte est simple, mais pas simpliste, avec des formules poétiques (et même des imparfaits du subjonctif !), et des touches d'humour (certaines phrases sont très drôles). Le jeu sur le langage rappelle un peu un autre film, En attendant les barbares (où il était plus poussé , avec invention de mots). Le titre vient d'une phrase du film.
Difficile de juger l'interprétation avec les critères habituels, car elle est très particulière, et propre aux films de Green. On notera que les interprètes ont une diction parfaite, ce qui n'est pas toujours le cas dans les films français récents, où les acteurs semblent parfois manger la moitié de leur texte...
Très bel accompagnement musical, en début et fin de film, composé d'airs anciens ou baroques, par des artistes spécialistes du genre : Damien Guillon au début pour un air religieux, et Christina Pluhar et son ensemble l'Arpeggiata à la fin pour deux airs profanes.
On notera que ce film, comme d'autres films du cinéaste, a été coproduit par les Dardenne. C'est pourtant à l'opposé de leur style naturaliste...