Peu enclin à adapter un livre qu'il juge trop sombre mais heureux de trouver du boulot, le cinéaste Georges Lautner parvint à un beau compromis avec Le monocle noir, réalisé en 1961 d'après le livre du Colonel Rémy.
Dès son introduction par Bernard Blier, Le monocle noir joue carte sur table, assumant totalement sa trahison au matériau originel et du même coup, sa nature de pastiche du film d'espionnage. Tout ici n'est que rigolade, qu'il s'agisse du récit haut en couleur ou de personnages forcément caricaturaux mais sacrément drôles.
Un ton volontier parodique, qui n'est pas sans annoncer le futur Tontons flingueurs, mais qui n'empêche pas le cinéaste et son équipe de soigner le travail, Le monocle noir étant certes drôle et très con quand il s'y met, mais aussi fort agréable à suivre et formellement magnifique. Baigné dans une superbe photographie noir et blanc, le cadre resplendit, jouant des ombres et de la lumière, magnifiant le décor principal et les complots qui s'y fomentent.
Saupoudré de dialogues savoureux, Le monocle noir ne serait rien sans ses comédiens, tous impeccables du premier au dernier rôle, menés par la présence délectable d'un Paul Meurisse impérial et manipulateur. De quoi largement compenser quelques baisses de rythme ici et là, ce qui n'est finalement pas grand chose face à la réussite de ce Monocle noir qui donnera naissance à deux autres films.