Et si l'un des fleurons de l'animation de l'année 2022... N'était tout simplement pas sorti en salle ?
Dans le monde d'avant, une telle question aurait frôlé l'hérésie.
Aujourd'hui, plus personne ne s'en émeut. Comme si nous avions renoncé. Comme si nous laissions crever le cinéma à petit feu et que nous n'en avions plus grand chose à foutre.
Alors que pour sûr, Le Monstre des Mers aurait mérité d'être savouré sur un grand écran baigné de noir.
Rien que pour renouer avec l'esprit de la franchise Dragons, qui viendra immédiatement à l'esprit durant la séance. De manière fugace, à l'occasion d'un ressenti, d'une émotion, puis de plus en plus littéralement, à mesure que l'amitié inter espèce se tisse dans un contexte de chasse et de conflit, comme sur l'île de Beurk.
Quelque chose qui pourra être identifié comme très classique, voire balisé, et qui se contente de remplacer l'ivresse des airs par celle de l'aventure en mer, toute voiles dehors. Sauf que Le Monstre des Mers n'est pas qu'un simple clone, mais un véritable pot-pourri d'influences et de références, convoquant l'épique et l'humour de Pirates des Caraïbes, la traque à la Moby Dick, L'Île au Trésor, le kaiju eiga ou encore King Kong, Les Dents de la Mer, Pinocchio et Sinbad : La Légende des Sept Mers. Il y a pire, comme citations.
D'autant plus que le film abat la carte d'un grand spectacle assez formidable, jouant avec gourmandise des jeux d'échelles entre ses personnages, imposant un gigantisme impressionnant, générant des images à couper le souffle en forme de choc des titans.
Chris Williams nous offre un monde vivant et dynamique, bien dessiné, fait de mythes et de légendes, qui réveille les rêves de son jeune public pour mieux l'emporter. Qui n'a jamais eu envie d'être un pirate quand il était petit ? Un monde fourmillant de détails accrocheurs sur lesquels s'extasier et baigné de couleurs qui ravissent l'oeil.
Un monde dans lequel de belles émotions se dégagent, même si on les voit venir parfois de loin, mais qui interroge aussi sur la couleur de l'encre utilisée pour écrire l'histoire, thème de plus en plus abordé actuellement, et la puissance de la propagande nourrie par la mythologie et la chute de ses héros sacrifiés.
En plus d'être beau et spectaculaire.
Certains films passant au cinéma en ce moment auraient pu s'inspirer de la réussite de ce mélange, cela ne leur aurait pas fait de mal...
Behind_the_Mask, en eaux profondes, mais sans Jason Statham.