La créature qui venait du froid.
Je préfère vous prévenir tout de suite, ces prochaines semaines, je risque fort de donner plus que de raison dans le bon vieux film de monstre, dans le kaiju eiga des familles, dans le film de grosses bébêtes qui détruisent tout sur leur passage. Actuelle étape de mon périple entre deux "Gojira": le séminal "Monstre des temps perdus", tourné en 1953 par Eugène Lourié et qui inspirera une poignée d'années plus tard rien de moins que le grand Inoshiro Honda pour son mythique... "Gojira".
Librement inspiré d'une nouvelle de Ray Bradbury, "Le monstre des temps perdus" est l'air de rien une petite date dans le cinéma fantastique, le premier film mettant en vedette une créature gigantesque non pas issue d'un quelconque folklore, mais bel et bien de l'homme lui-même, conséquence directe de son comportement inconscient face à la nature, les essais nucléaires étant les premiers dénoncés.
Comme tout précurseur qui se respecte, "Le monstre des temps perdus" souffre indirectement des codes qu'il met en place et qui seront reprit inlassablement par ses avatars, déballant tous les passages obligés du genre, à savoir: héros incompris de tous, jolie assistante / fiancée, vieux savant, marins uniquement là pour se faire bouffer, militaires... Tout y passe mais le sérieux professoral fait tout de même plaisir à voir, d'autant que le cinéaste semble croire mordicus à son histoire, à défaut de faire preuve d'une réelle vision, ce qui n'était de toute façon pas son intention.
Bricolés par le gigantesque Ray Harryhausen, les effets spéciaux sont plutôt efficaces pour l'époque, donnant lieux à des scènes d'attaque et de panique fort sympathiques, spectaculaires, et demeurent le principal intérêt d'une bande attachante mais, il faut le reconnaître, franchement ennuyeuse dès l'instant où le monstre n'est plus à l'écran. On notera également la courte présence d'un Lee Van Cleeff encore inconnu.