Durant les années 50, un essai nucléaire se déroule au-delà du Cercle Arctique. Cette catastrophe écologique provoque le réveil d’une créature prisonnière de la glace depuis plus de 100 millions d’années.



Un monstre attaque la ville



Le monstre des temps perdus met en scène le Rhédosaure, un dinosaure inventé qui ressemble à une sorte de tyrannosaure quadrupède. Ce carnivore préhistorique fut endormi dans la glace pendant plusieurs millions d’années jusqu’à ce qu’une intervention atomique au nom de la science ne vienne perturber son long sommeil. Avec ce contexte pourtant simple, Eugène Lourié et Ray Harryhausen ont réalisé un des meilleurs films de monstre.


On se souviendra d’ailleurs bien plus du nom de Harryhausen que celui de Lourié, Harryhausen agissant pour la première fois en solo en sortant de l’ombre de Willis O'Brien sur « Monsieur Joe » et perfectionnant avec le monstre des temps perdus son talent pour l’animation des créatures à l’écran. Un talent reconnu, qui ne manquera pas de lui ouvrir quelques portes vers d’autres productions similaires comme le « Choc des titans ». Dans les faits, le choix fut celui de présenter la créature rapidement vers le début du film de manière plus ou moins furtive, avant de concrétiser sa présence lors de maintes occasions. On notera qu’il s’agit là du procédé inverse adopté par Godzilla une année plus tard par Ishiro Honda. Vient ensuite l’inspiration délibérée de « King Kong » et du « monde perdu » où la créature se retrouve en ville. Le Rhédosaurus attaque New-York en plein jour et déambule dans les rues en nous dévoilant longuement et entièrement sa forme. A ce moment, on réalise tout le talent de Harryhausen pour les animations tandis que Eugène Louirié dépeint une ville terrifiée avec seulement 25 figurants et 12 voitures.



Une ère nouvelle



A raison, le Godzilla de 1954 signé Ishiro Honda est considéré comme le Père des monstres. Il s’agit en effet bel et bien du film iconique qui a engendré le règne des Kaijūs sur nos écrans pour le rendre si populaire. Toutefois, d’autres monstres étaient déjà présents bien avant Godzilla. On citera notamment le succès de « King Kong » en 1933, « le monde perdu » de 1925, ou encore pour l’œuvre qui nous intéresse « le monstre des temps perdus » sorti seulement un an avant le Godzilla d’Ishiro Honda.


Malgré ses prouesses techniques de l’époque, The Beast from 20,000 Fathoms (le titre original du film) ne parvient pas à atteindre la popularité de Godzilla. Et pourtant, le classique de 1954 reprend énormément du monstre des temps perdus, jusqu’à son contexte et même certaines scènes incroyablement similaires. Cependant à y regarder de plus près, la raison de la supériorité de Godzilla dans l’esprit des spectateurs et vis-à-vis de la marque laissée dans l’histoire du cinéma est on ne peut plus logique. En effet, la première des raisons évidentes est probablement le fait qu’il est plus facile de marquer l’esprit du spectateur par un monstre comme Godzilla conçu par sa forme et par son nom de manière iconique. Le Rhédosaure, quant à lui, ne possède pas cette dimension presque divine incarnée par Godzilla. La force de la nature qui vient apporter la preuve, s’il en fallait une, que l’Homme est bien peu de chose sur la Terre en lui donnant une leçon d’humilité. D’autre part, le classique de 1954 est aussi nimbé des ravages d’Hiroshima et de Nagasaki, au point de considérer Godzilla comme le résultat des conséquences de l’orgueil de l’Homme via sa foi aveugle envers ses armes. Un élément également traité dans le monstre des temps perdus, mais de manière bien moins explicite même si c’est ce film qui entrouvre la voie au cinéma sur les dérives et les impacts de la radioactivité. A ce titre, on peut citer l’arrivée de métrage comme « Des monstres attaques la ville » mettant en scène des insectes mutants ou encore « Tarantula » avec des arachnides.



Conclusion



Après le monstre des temps perdus, c'est tout un pan du cinéma fantastique qui va s'engouffrer dans la brèche des créatures contaminées par des retombées nucléaires. Ces films se veulent être davantage que de simples films de monstres qui détruisent des villes. Ils veulent souvent apporter un message écologiste, et même d’une certaine manière sonner l’alerte car ces productions sont les expressions grossies d’une période instable qu’on ne souhaite jamais revoir.

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le 10 juin 2020

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Death Watch

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