Se replacer dans un contexte n’est pas toujours chose aisée. Et pourtant, il est nécessaire de reprendre les choses dans l’ordre avant de pondre un jugement à l’emporte-pièce sur un slasher sorti en 1980. 1980, soit la date du slasher puisque deux ans après La Nuit des masques, bon nombre de producteurs se sont empressés d’emboiter le pas à un genre qui plaît au public. Pour beaucoup, direction le Canada où les frais de production sont bien moindres. La Fox fait signer la vedette du moment Jamie Lee Curtis qui, en quatre films, au cinéma enchaîne son troisième slasher puisque cette même année 1980, elle est aussi à l’affiche du Bal de l’horreur. Pure opération financière, le film suit à la lettre les codes du genre. Un traumatisme initial, une situation des années plus tard où les protagonistes se retrouvent isolés, le massacre et l’héroïne qui résistera au tueur juste après le twist final.


Rien d’original ? Dire cela pour juger Le Monstre du train serait particulièrement injuste tant les trouvailles sont nombreuses. Plutôt que d’affubler le tueur d’un masque dédié, il les change ici au gré de l’avancée du récit, ce qui permet de jouer davantage avec le spectateur qui ne sait pas toujours si ce qu’il voit relève du canular ou de la réalité. Mais la vraie originalité se trouve dans la mise en scène de la théâtralité et de l’illusion. Ainsi la présence de David Copperfield (dont les très, très nombreux tours pourront en agacer plus d’un) permet d’introduire un thème qui est intelligemment décliné tout au long du récit. Entre illusion et réalité, le film s’amuse à jouer sur de nombreux tours de passe-passe qui s’achèveront sur une révélation finale qui a une certaine allure.


Contrairement à de nombreux autres de ses concurrents, cette production tourne également le dos à la facilité en refusant de s’engager dans la surenchère. Peu de nudité gratuite ici alors que le lien entre Eros et Thenatos est le cœur de la folie du tueur, et, surtout, un refus assez évident du gore. Si Roger Spottiswoode (dont c’était ici la première réalisation) montre des corps meurtris, il ne montre pas les mises à mort. Il préfère miser sur l’atmosphère suffocante de l’ensemble avec son train qui s’enfonce dans la nuit et la neige, et son tueur qui se ballade d’une victime à l’autre. Le résultat peut décevoir tant il est soft et parfois longuet mais il faut reconnaitre à ses auteurs d’avoir réussi à faire une véritable proposition formelle quand les producteurs attendaient simplement de remplir les caisses. L’échec du film annonça, quant à lui, le (déjà) début de la fin pour le genre.


Play-It-Again-Seb
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le 25 janv. 2024

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PIAS

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