Libérez le Kraken, même si on est fauché !
Cet été un ami m'a fait saliver devant le coffret qu'il avait réussi à dégoter : 3 oeuvres du Maitre Ray Harryhaussen. Etrangement, j'ai craqué ^^U
Premier film que je découvre de ce coffret, ce monstre des profondeurs a été un choix aisé : potentiel de voir des sous-marins, j'adore les pieuvres, je jubile à l'idée suggérée par la couverture de voir des tentacules en stop-motion dézinguer une ville bref, je saute dessus. Les soucoupes volantes et le monstre vénusien attendront.
Critiquer un tel film peut être difficile si l'on met de côtés des éléments fondamentaux : c'est une série B et c'est du cinoche populaire des années 50. Assez étrangement, la décennie 50 version Hollywood (et en dehors des maîtres du genre Hitchcock) est celle qui me donne le moins d'appétence. Pas moyen de mettre le doigt sur ce qui me dérange vraiment, car cette décennie m'a offert d'excellents moments mais de manière générale, ce cinoche me parle moins. Et si je devais y aller carrément, les décennies 30 et 60 m'intéressent plus, me semblent même plus audacieuses, donc rien à voir avec une usure du temps ...
Ce constat est validé par les 40 premières minutes de ce film : caricatural dans les personnages (Lesley femme libérée, mais pas trop, et puis John le sympatoche docteur, et puis Ted, le commandant à la mâchoire carrée qui veut se taper Lesley qui veut pas mais en fait si car un marin, c'est quand même top) mis en avant, sans nuance, lourd dans le style comme dans les dialogues, on pourrait vite s'emmerder si on n'était pas venu pour une chose claire : un monstre. Par petites touches, par cette voix off se voulant tétanisante, nous sommes retenus de quitter la salle car tout le schéma narratif conduit à un final que l'on saura à la hauteur. Et c'est le cas.
La dernière demi-heure relève le gant ; c'est spectaculaire, immersif, naïf, charmant. La musique qui fait peur, le cri de l'héroïne devant les risques pris par son compagnon, tout est là. Il n'y aucune profondeur scénaristique, le jeu des acteur est caricatural mais ce final se suit le sourire aux lèvres. On ne se moque pas, on profite des trouvailles.
Ray Harryhausen réussi finalement à nous emporter, même si le maître sera bien meilleur à l'avenir. La grosse bourde de la fin du film est vite oubliée (je vais éviter de spoaler sur la destruction finale mais c'est ridiculement charmant) et cette séance découvert fut au final sympathique. Fauché (pas assez de fric pour faire une pieuvre à 8 tentacules donc on 'ne fait que 6 ...,) le film s'en sort honnêtement. D'ailleurs, à bien y repenser, ce film fut un excellent placement pour l'armée US en pleine guerre froide. On y démontre à l'envie la puissance de l'armement made in states, on place ici un B47, là des FH-1, sans oublier le top du top, un sous-marin nucléaire première génération. Film fauché certainement donc, mais avec des plans tirés de films de l'armée, ça passe mieux. Et puis on a notre bon vieux délire écologico-nucléaire, le réveil de dame nature.
Hâte de voir la prochaine aventure ; un monstre vénusien venant ravager l'Italie ....