Malgré un réalisateur prestigieux et sensible, je me méfiais un peu : le bouche à oreille avait totalement dédaigné la sortie de ce film et des enfants en sont les protagonistes. Difficile de faire qu'un film avec des enfants ne soit pas un film pour enfants. Ou alors, il faut qu'il s'adresse à l'enfant en nous, et le mien doit être parti hiverner sous les tropiques. Toujours est-il que je me suis consciencieusement ennuyée lors de la cavale de ces deux petits sourds, séparés par 50 ans, dans les rues de New York. D'ailleurs, heureusement qu'il y avait New York, savamment reconstitué, avec des moyens assez impressionnants : les tacots de 1927 et les junkies de 1977 font merveille, grâce au talent de Sandy Powell, nommée la bagatelle de 10 fois aux Oscar pour ses costumes. Comme dans Carol, elle fait des miracles. Et Todd Haynes amortit à fond sa participation, la location des véhicules d'époque, l'abondance de figurants et les verts et oranges magnifiques de son chef opérateur. Ça m'a bien occupé les yeux. Pour le reste, la gravité serait presque parvenue à remporter le bras-de-fer avec mes paupières. Quel pensum que cette histoire pesante de quête des parents par ces petits abandonnés. Pourtant, le deuil et l'absence ne sont pas quantité négligeable, dans un scénario. Mais l'irruption d'un merveilleux assez mal fagoté et de personnages secondaires de pacotille, comme le nouveau meilleur ami du héros, plombent l'ensemble de très vilaine façon. Les coupures de courant donnent lieu à des tressaillements de caméra assez cheap, à vrai dire. Et les excellentes actrices, dont Todd Haynes parvient généralement à tirer tout le suc, ne parviennent pas à habiter des situations trop stéréotypées ou tirées par les cheveux pour qu'elles puissent y déployer leur talent. Resteraient donc celui des enfants, mais là encore, on est en-dessous des standards acceptables, à mon avis. Peut-être ne sont-ils pas suffisamment dirigés, le doute plane... bref, un gros ratage dans la filmographie d'un réalisateur que d'autre part je porte aux nues. Même la musique de Carter Burwell a des hoquets, c'est dire !