Un beau mystère un peu trop épais

Il est assez fréquent de trouver un long métrage d'animation japonais ayant comme univers un monde réel où le fantastique se lie au réel afin de donner une dimension en plus à une réalité que l'on trouve pas forcément très palpitante. Cependant, pour moi, les meilleurs œuvres japonaises sont celle qui ne s'inscrivent pas dans une démarche de fantastique à outrance car elles savent créer un scénario épuré, et surtout, à l'instar des films de Miyazaki, ce sont des films qui ont le moins de risque de tomber dans le piège d'en faire de trop et qu'au final, on ne comprend pas grand chose. Alors quand j'ai vu les premières bandes annonces de Le mystère des Pingouins, même si la dimension fantastique était évidente de par la présence de pingouins dans la ville, j'étais tenté car le film montrait un monde fantastique mais qui se centrait spécifiquement sur un phénomène bête: il y a des pingouins en ville. Au final est ce que la bonne intuition s'est concrétisé ? Oui, globalement on a réussit le paris.

L'une des qualité première du film s'est sa volonté d'être dans une certaine forme de naturalisme tout le long du récit. On tourne tout une histoire autour d'enfant d'école primaire arrivant au collège, alors on va focaliser l'attention et tout le récit de manière général sur des préoccupations que l'on a à cette âge là. On va souvent tourner autour de chez le dentiste parce qu'à cette âge là on perd peu à peu les dents de lait, on est dans une période de l'âge où l'on veut faire des inventions et faire des découvertes scientifiques donc on va mettre la science et l'étude de la nature comme un point essentielle du récit,... le film connait son sujet et prend le sujet avec beaucoup de bienveillance. Le soucis c'est que parfois à vouloir être trop précis dans cette peinture de cette âge là que parfois on se laisse aller à des détails pas forcément fin qui sont pris de manière assez légère sous le ton de l'humour mais qui rentre en contradiction avec la volonté quasi continuel de prendre les préoccupations de ces jeunes au 1er degrés, et l'un de ses détails reste quand même le début de la sexualité. Le personnage principale est jeune enfant qui commence peu à peu à rentrer dans l'adolescence, et son côté sur-doué donne un côté sans filtre au personnage qui aide justement le film à prendre la préoccupation des jeunes de son âge au 1er degrés, mais parfois quand il s'agit de parler de sexualité ça ne fonctionne pas, et quand t'as la principal vanne du film qui est "eh quand même quand tu mets la main au zizi de quelqu'un et que tu presses, ça fais mal, ou encore quand t'as le personnage principale qui dit la phrase "Je regarde des nichons 30 minutes par jour et ça me fait du bien"... Tu forces un peu, on peut la jouer plus finement je pense. Mise à part cela le film prend la forme d'un film à énigme au même titre d'un scénario du professeur Layton. Ici on ne cherche pas tant à développer un univers ou même des personnages, même si ces derniers sont magnifiquement bien écrit, mais plus à poser une énigme qu'il faut résoudre, et le seul moyen de la résoudre est de suivre la vie de personnages qui vivent dans un monde définit. Le procédé est assez malin car si tu es un minimum intrigué par l'énigme, tu vas tout de suite t'intéresser au personnage et à l'univers, et ça, bah c'est un grand oui. L'important dans ce film, c'est l'énigme, mais le soucis c'est que le mystère cela s'entretient et c'est très technique à écrire. Il faut donner un minimum de clef pour éviter que le spectateur subisse le film en se disant "de toute façon je ne l'aurais pas trouvé, et quoi que je fasse, je ne trouverai jamais", chose que le film évite tant bien que mal même si au bout du compte, il est strictement impossible de deviner la fin ni même la solution à l'énigme. Il faut aussi développer l'histoire, car même si le film se focalise sur une énigme. Il faut donner vie à l'ensemble en créant des enjeux et une situation qui se tienne afin que l'on ait de l'intérêt pour l'énigme, chose que le film oublie parfois de faire, ce qui crée un manque d'attachement émotionnel à l'action, et parfois des longueurs qui peuvent sérieusement handicaper le visionnage, vers les 30 dernières minutes du films, j'avoue que le visionnage devenait un peu sportif. Enfin il faut écrire un minimum de sous texte et réflexion philosophique, chose que le film est passé complètement à côté pour moi. On ne distingue très peu voire aucun sous texte, et cela enlève de l'intérêt au film qui se retrouve réduit à un bon film pour enfant ayant un très bon ton pour les très jeunes sans jamais aller dans de la stupidité gratuite, presque une véritable fable pour enfant, mais affreusement oubliable car le film ne raconte pas plus que le scénario de base, à savoir un enfant qui étudie des pingouins qui sont arrivés dans sa ville, et ça c'est un peu dommage, surtout quand on voit le travail artistique et graphique qu'il y a derrière.

Le film est particulièrement beau, et pour être plus précis afin de dissocier ce film des productions japonaises que l'on voit habituellement, c'est un film particulièrement créatif. Dans ses cadres, dans ses idées de mises en scènes (même si ces dernières sont assez rare, au moins dans ce film tu auras des idées de mises en scènes, c'est pas dans l'OAV n°X de One Piece ou dans Sword art Online que tu verras ça), le film est bourré de créativité, un peu à l'image de son personnage principale, jeune, dynamique, précis, et poétique, extrêmement poétique. Le seul soucis c'est qu'à adopter un ton pour enfant à adoucir les traits afin de rentrer dans l'univers de son personnage principale (ce qui n'est pas une mauvaise idée en soit, ça marche assez bien, on parle pas non plus d'un adoucissement un peu gamin à Mon voisin Totoro, mais quand même un peu), on tombe parfois dans le piège de ne pas être assez violent dans les scènes qui ont besoin d'être violent et brute pour être marquante, et très vite on tombe dans un manque car on voit de très très belles capacités dramaturgique sur certaines scènes, mais la chose n'est pas poussé assez à fond. Mais à part ça le seul regret que j'ai à noter avec la réalisation reste le doublage qui, pour moi, est loupé. Toute la réalisation est très bonne, il n'y a rien à redire, mais les doublages français sont vraiment pas oufs. On a des personnages secondaires et tertiaires qui sont en sous-jeu, et le personnage principale galère tant bien que mal de tenir son personnage mais n'y arrive pas. La chose étant que dans l'animation, pour jouer des jeunes enfants, on demande souvent à des femmes de jouer des rôles d'enfant comme Brigitte Lecordier qui est la plus connu dans ce domaine. Cependant le personnage principale est beaucoup trop complexe pour se le permettre car le personnage est doté d'une incroyable maturité de par son côté sur-doué qui rend impossible un jeu d'adulte, qui en plus se force une première fois à être un garçon alors que c'est une femme, jouant un enfant mais en même temps qui doit derrière jouer une maturité précoce. C'est beaucoup trop souvent les montagnes russes sur le doublage de ce personnage qui se retrouve parfois avec une fois de femme la moitié du temps. Le mieux aurait été de faire jouer ça à un vrai enfant kit à lui demander d'avoir un jeu plus mature, mais pas demander de jouer l'enfant pour ensuite remonter en maturité, cela demande beaucoup trop d'effort et la performance de l'actrice derrière ce personnage nous le démontre, c'était pas une bonne idée. Au final pas déçu par ce film, je ne m'attendais à as grand chose mais au final ce fut satisfaisant, maintenant j'aurai aimé plus de risque et plus de rupture de ton avec des scènes plus brutes et violentes, on voit lesquels peuvent être plus approfondis, et ça c'est un peu dommage. Pour un 1er long métrage c'est très prometteur, maintenant il faut approfondir tout ça.

12,75/20

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