Les affres de la plume et les mystères littéraires occupent sporadiquement le grand écran. On peut se rappeler du magistral « Ghost Writer » de Roman Polanski ou du plus récent « Un homme idéal » avec Pierre Niney. En général, les romans sont souvent employés comme des mises en abyme littéraires ou des vecteurs d’imposture où nègres et mystification tiennent le haut du pavé. L’imposture est d’ailleurs ici au centre de l’histoire mais ce qui est plus rare c’est que le tout est traité sur le ton de la comédie. Pas la franche comédie populaire et grasse mais le rire est tout de même omniprésent par le biais du personnage truculent incarné par Fabrice Luchini, encore une fois impeccable. Néanmoins, même si l’acteur est excellent, on commence à trouver ses rôles - et sa manière de se les approprier - plus ou moins semblables. Attention à ce que la lassitude ne prenne pas le dessus sur le plaisir éprouvé par le spectateur.
« Le mystère Henri Pick » prend ici la forme d’un suspense centré autour du véritable auteur d’un chef-d’œuvre littéraire sorti de nulle part. Le film nous emmène donc sur les traces d’un duo d’enquêteurs formé par le comédien et une Camille Cottin décidément bien ancrée désormais dans le paysage cinématographique français avec beaucoup de brio et des rôles plutôt variés. L’alchimie entre les deux acteurs est évidente et les seconds rôles ne sont pas en reste, d’Alice Isaaz à d’autres moins connus. Le film démarre fort et nous intrigue dès le départ. On a autant envie que les personnages de découvrir la véritable genèse de ce livre et c’est aussi captivant que de découvrir le coupable du crime dans un polar. A ce titre la résolution est moins heureuse et apparaît quelque peu tirée par les cheveux mais c’est le chemin pour y parvenir qui fait tout le charme du long-métrage. Tout cela est empreint d’un mystère bien entretenu et d’un côté ludique bienvenu. Si l’on pense à la littérature celle, adolescente et primesautière, du « Club des Cinq » pourrait en être le pendant adulte.
Les répliques sont bien écrites et on rit souvent des réactions de Luchini, de son jusqu’au-boutisme et de son entêtement à prouver qu’il a raison. La mise en scène de Rémi Besançon, inoubliable réalisateur du non moins formidable « Le premier jour du reste de ta vie », fait le reste. Moderne, loin des carcans télévisuels qui peuvent miner ce type de productions et mettant bien en valeur les beaux paysages du Finistère, elle rend ce film vraiment plaisant. Si le film passe à côté d’une critique du monde de l’édition et de la littérature en général, il ne se loupe jamais dans ses objectifs premiers qui sont de divertir, faire rire et pousser la curiosité du spectateur. Alors même si la finalité de l’enquête annihile tout ce qui a précédé et constitué le long-métrage, en l’occurrence ses nombreuses fausses pistes, « Le mystère Henri Pick » est un petit délice de cinéma dont on aurait tort de se priver car il est plaisant de bout en bout.
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