J'ai vu le film (plusieurs fois), j'ai lu ensuite le livre et revu le film. Fatalement, en ayant lu le bouquin j'ai été déçue du film, le cas échéant.
Évidemment, je n'ai pas retrouvé les aspects passionnants du livre sublimés à l'écran. L'érudition dont fait preuve Umberto Eco ne semble pas avoir trouvé d'écho du côté de l'adaptation.
Jean-Jacques Annaud n'a finalement conservé du livre que l'intrigue policière, laissant de côté la réflexion théologique et l'humour présent dans l’œuvre d'Umberto Eco.
Mais soit, je respecte ce parti-pris et je ne m'attarderai pas plus sur la comparaison livre / film.
Non, ce qui m'a le plus dérangé, ce sont les stéréotypes sur l'époque médiévale. Le Nom de la rose n'y échappe pas, comme beaucoup d'autres.
Manque de bol, les clichés vont bon train dès les premières minutes. Qu'est-ce qu'on apprend ? Eh bien, au Moyen-âge, il faisait froid ! Si, si... souvenez-vous, l'arrivée des personnages principaux dans un paysage enneigé...
On nous montre un Moyen-âge sombre. Alors peut-être ça rajoute à l'ambiance lugubre, mais c'est surtout une vision erronée des temps dits "obscurs", une vision un peu anachronique de cette période, par ailleurs fascinante.
Ensuite dans la galerie des personnages : nous avons un inquisiteur caricatural, excessivement sadique; ensuite Adso, le novice naïf, tellement qu'il en devient ridicule; Salvatore, le simple d'esprit; la jeune fille, sale et ignorante; des paysans miséreux qui meurent de faim... bref des gueux sales, vulgaires et imbéciles, voire même attardés.
La vision du Moyen-âge portée à l'écran est exagérément obscurantiste. C'est aussi le cas dans le livre, mais cette vision est nuancée par la réflexion théologique et le ton parfois humoristique.
J'ai lu des critiques louant le côté non manichéen du film... mouais bof... Dans mes souvenirs, le Guillaume de Baskerville de Umberto Eco était bien plus orgueilleux (évidemment pas autant son antagoniste Jorge Burgos), mais bon passons.
Cela ne m'a pas empêché pas de passer un bon moment, d'apprécier l'intrigue et le cheminement de Guillaume de Baskerville, et parfois même le jeu des acteurs (Michael Londsdale, j'adore!!), mais cela manque de rigueur surtout pour un film dit "historique". Où sont donc les médiévistes qui ont conseillé J.J. Annaud ?