Nous étions en juin 1989, j'arrivais dans le salon le cœur haletant et les tempes brûlantes après un foot dans la cour avec l'enfant des voisins. Mon pyjama en pilou trop rêche me grattait à cause de la sueur dans le dos. Et puis la speakerine a annoncé le film après la météo régionale. « Le nom de la rose ».
Mon père à coté de moi finissait de me cracher dans la figure sa gitane sans filtre quand ma mère cousait consciencieusement des cocardes sur les bonnets phrygiens pour « le spectacle du bicentenaire » de fin d'année de l 'école. La vie était un long fleuve tranquille. Le film se déroulait sans embrouille, le mystère et la peur contrôlée étaient au rendez-vous. Je voyais mon père qui ne fumait plus et ma mère absorbée avait rendu ses bonnets au clergé. Depuis cette époque j'ai toujours un regard pendant un film pour mes voisins de salle de cinéma ou de canapé.
Et puis d'un coup il y'eu cette scène de sexe entre Valentina Vargas et Christian slater qui arrive sans prévenir. Boom ! Le moment est brutal et cru.... Mon rythme cardiaque s'accélère...Les corps sont nus et superbes...Le pilou me gratte à mort et j'ai du mal à avaler... Un coup d'oeil à mes parents...C'est bon, ils ne me regardent pas... Merde je crois que ma mère m'a vue... Ça y est l'inévitable arrive...Je bande ! Une érection qui, pour un jeune garçon dont le corps change, n'était pas une mince affaire. Je dus passer le reste du film les jambes croisée comprimant mes membres avec une telle force que j'en garde les stigmates encore aujourd'hui. L'honneur était sauf mais je gardais de ce moment comme un goût étrange. L'impression d'avoir vécu un grand moment d'intimité en famille et vu le plus grand film érotique de l'histoire.
Il y'a des films qui vous marquent pour ce qu'il ne sont pas