Jean-Jaques Annaud ! Pour moi, il fait parti des réalisateurs français qui sans avoir une bonne personnalité bien ancré comme Luc Besson, Jean-François Richez ou Jean - Pierre Jeunet, a su trouver sa place et son style dans le paysage cinématographique français. Ceci dit ces dernières années, ces films ne sont plus aussi médiatisés ou commerciaux qu'avant et ont eu droit à des sortis plus que confidentiels; je crois que ça a commencé avec la sortie et l'échec des 2 frères, alors que techniquement ce film n'est pas si mauvais que ça. A tel point que son dernier film le Dernier Loup a été diffusé cette année est resté très confidentiel (cela ne l'a pas empêché d'avoir son succès à l'international, il va falloir que je m'y intéresse). Là on va parler d'un film très intéressant et récompensé aux César du réalisateur à savoir le Nom de la Rose.
Sherlock Holmes à la renaissance
La réalisation est certes classique mais retranscrit bien l'ambiance du Moyen-Âge en plein cœur de l'inquisition. C'est même très étonnant que le choix du réalisateur et du scénariste est de se focaliser uniquement sur le monastère. L'ambiance est assez moyenâgeuse et il a effectué un super travail dans la mise en scène. Le film impose un bon rythme qui permet une belle immersion dans l'abbaye. Cela donne aussi un parfum qui tend à être du 8-Clôt, même si cela ne l'est pas temps que ça (l'intervention de personnes extérieurs au monastère détruise la théorie du 8-Clôt). L'ambiance fait très enquête de Sherlock Holmes sur le meurtre d'un moine. Mais l'ambiance ne s'arrête pas là. Il va jusqu'aux personnages qui sont tous bien écrit.
Sean Connery à la barre
Au sujet des personnages, nous avons le Frère Guillaume de Baskerville (William en version anglaise) joué par Sean Connery. Il interprète un moine bénédictin respecté du plus grands nombres et humaniste (un peu comme Ignace de Loyola). Il adhère aux Saintes Écritures mais ne prends pas se qui est écrit comme acquis. Toujours en quête de vérité, il est celui qui enquête et fait un très bon Sherlock Holmes. Aussi bizarre que sa puisse paraître, il a un caractère assez proche du futur Qui Gon Gin de la prélogie Star Wars, à savoir, un membre respecté d'une coopération mais qui remet en question ce qui est acquis. Pour faire avancer la quête il ira jusqu'à défier l'inquisition dont il a fait partit et dont il éprouve une certaine honte. Son nom est assez référentiel (Baskerville) car il renvoie au livre du Chien des Baskervilles, un roman de Sir Arthur Conan Doyles mettant en vedette Sherlock Holmes justement. Il est don évident que l'auteur de livre s'en est inspiré pour créer se personnage de moine humaniste, charismatique et fun.
Frère Adso de Melk (incarné par un jeune Christian Slater) est un novice disciple de Guillaume de Baskerville. C'est un disciple dans toute sa splendeur et le "Docteur Watson" du film. Son coté ingénu dessert quelque peu le personnage qui doit résister aux tentations qui s'offrent à lui, incarnées principalement par la fille, et choisir entre ses convictions et les enseignements de son maître. Cela aurait pu être pas mal mais ça en fait un personnage assez niais par moment.
Les autres personnages sont très secondaires et n'existent qu'en tant que personnage secondaire voir même suspect. C'est le cas du Frère Remigio de Voragine (Helmut Qualtinger) moine chargé de secrets, l'inquisiteur Bernardo Gui (Fahrid Murray Abraham) directement inspiré du vrai Bernardo Gui et même Salvatore (Ron Perlman), moine directement inspiré de Quasimodo. La fille (Valentina Vargas ) est assez oubliable en terme de personnage mais importants en terme d'éléments modificateur du récit. Chacun constitue une bonne interaction avec nos 2 héros qui devront résoudre cette affaire dans les meilleurs conditions qui soit.
Un récit bien maîtrisé
Le récit est très bien écrit et maîtrisé. On sent bien l'ambiance d'enquête à la Sherlock Holmes et les enjeux d'une telle enquête dans un monde moyenâgeux en plein cœur de l'inquisition . C'est aussi un film qui est aussi assez critique aux systèmes de justice et les croyance religieuse de ce temps-là et faire d'un héro un moine humaniste est très à propos et permet de comprendre un peu les motivations de l'émergence des réformes protestantes et catholiques qui a eu lieu durant cette période. Le personnage de Guillaume de Baskerville reflète vraiment ce genre de personnages qui ont toutes les connaissances qui l’interprète vraiment de manière approfondis au lieu de rester en surface imposé par les limites fixées par l'Eglise et l'inquisition.
Plus l'histoire avance, plus l'aspect enquête rentre en conflit avec l'inquisition et plus les suspects évidents disparaissent et les révélations s'enchaînent. Le point culminant arrive lors du jugement où l'identité du meurtrier est révélé et où les convictions de Guillaume de Baskerville rentre en conflit avec ceux de Bernardo Gui, l'inquisiteur et ça s'est vraiment prenant émotionnellement. Mais le film ne s'arrête pas là, car il fait pas mal de symbolisme avec le savoir. Es-ce qu'il est nécessaire de tous savoir, de connaître la vérité ? Quel prix sommes - nous près à payer pour connaître la vérité, sauvegarder les connaissances ? Il ne se limite pas à nos croyances religieuses, mais aussi à nos connaissances scientifiques et ceux que nous savons de nos proches. Bien des vérités seront dévoilées dans ce film et es-ce que nous sommes prêts à les entendre ?
Un film culte
Ce film fait parti des films cultes de Jean Jaques Annaud avec la Guerre du Feu et est l'un des meilleurs film de Sean Connery. Ce dernier a eu raison d'insister sur les producteurs et les réalisateurs à la base car ces derniers ne voulaient pas de lui et il incarne ce personnage à la perfection. Souvent rediffusé, ce film est une oeuvre à connaître du réalisateur français.
Version fun de la critique ici