Des extraits en sépia nous plongent dans une certaine mélancolie, la nostalgie d'une époque où on avait encore des illusions. Le film s'ouvre sur ces souvenirs de camaraderie et d'espoir.
Le retour à la réalité constitue un choc. Nous sommes pendant la guerre civile entre Rouges et Blancs, en Russie. Et les camarades du début sont toujours là. Mais maintenant, ils sont loin des rêves de gloire, de victoire et de fraternité. Maintenant, ils végètent derrière des bureaux et passent leurs journées enterrés sous la paperasse. Et ça en plein milieu du vide, on ne sait trop où. Là où il ne se passe rien, en tout cas. Comme lendemains qui chantent, on a connu mieux !
Et les voilà pourtant qui organisent leur mission la plus risquée : acheminer par train tout leur or vers Moscou. Bien entendu, le train va se faire attaquer ! Le seul rescapé, Chilov, dont on a simulé la mort, est accusé de trahison. Seul moyen de prouver son innocence : s'évader et infiltrer le groupe de bandits pilleurs de trains.
Et oui ! C'est bel et bien un western que nous livre ici Nikita Mikhalkov. Lui, le plus tchékovien des cinéastes, se lance dans le film d'actions. En pleine URSS (le film date de 1974), on fait dans genre typiquement américain ! Rien que pour ça, le film vaut d'être vu : comme une curiosité.
Mais soyons clair : ce n'est pas la plus grande réussite du cinéaste, loin s'en faut ! Bien au contraire, même. Surtout dans sa première moitié, le film est embrouillé et le spectateur se perd entre les très nombreux personnages, les changements de couleurs (sépia, Noir et blanc, couleurs), les temporalités, etc.
La seconde moitié est meilleure, mais sans être transcendante quand même.
Finalement, les meilleures scènes sont (comme souvent chez Mikhalkov) les passages mélancoliques, la nostalgie d'un passé plus lumineux, plus simple et joyeux.
En fin de compte, ce premier long métrage de Mikhalkov est une rareté mais n'est pas un chef d’œuvre. Mikhalkov a fait bien mieux par la suite.