Le scénario de ce film est archi ultra-convenu. Je ne l'aurais pas regardé jusqu'au bout si on n'avait pas été en famille. Mais le fait de le regarder avec un enfant et une ado aura été l'occasion de se poser deux-trois questions. Pour 2.000 €/jour l'ado était prête à faire le chien-chien. Mais quand elle a vu que ça pouvait sortir sur les réseaux, elle a changé d'avis. De même, voir qu'un enfant qui avait tout ce qu'il voulait pouvait quand même être malheureux, ce n'était pas inutile à rappeler à un enfant de 9 ans ! Malheureusement, la nécessité de finir en happy-end téléguide tout le film et le rend moralement très discutable.
Côté points forts, il faut souligner l'implication de Jamel Debbouze. Son sens du timing, de la répartie et du bon mot font mouche, il est clairement l'auteur de ses dialogues, investi dans son personnage, c'est lui qui fait sourire de bon cœur, il porte une forme de sincérité et de générosité qui font plaisir à voir.
L'autre point fort, c'est que la mise en scène est une vraie mise en scène de cinéma, pas de téléfilm à la petite semaine. Le réal a bossé son découpage, ses effets, il est entouré de vrais techniciens de cinéma, il ne se cache pas derrière un montage tape-à-l'œil. Alors bien sûr la mise en scène est strictement au service du scénario et ne véhicule rien de plus, on est sur du pur divertissement, disons qu'elle est très premier degré, mais dans le bon sens du terme : sincère avec ses personnages, ne cherchant pas à les ridiculiser par en-dessous ou je ne sais quoi.
Par exemple les œuvres d'art que collectionne le père sont de vraies œuvres, ce ne sont pas des caricatures d'art moderne qui seraient là pour se moquer de la fatuité du richissime daron. On croise une référence à la pissotière de Marcel Duchamp de 1917 et que Jamel commente d'un amusant "A ce prix-là ils n'auraient pas pu vous mettre aussi la chasse d'eau ?". Mention spéciale au derrière de zèbre en trophée de chasse !
Pour la petite discute en famille qu'il a occasionné, pour Jamel, pour la mise en scène et pour la très honorable performance du jeune comédien, je lui mets presque la moyenne.
Le reste est vraiment blasant, comme le jeu monolithique de Daniel Auteuil, notre Robert De Niro national, qui se contente de faire le job en faire-valoir pas drôle.
Comme dans "Acide" avec Guillaume Canet, ils auraient mieux fait de s'abstenir d'injecter de la contestation sociale, qui là aussi ne sert que de décorum, de véhicule feignant pour inciter le spectateur lambda à s'identifier. Comme à la fin de "Barbie", où même le patron de Mattel s'avère être un gentil monsieur qui ne demandait qu'à se reconnecter avec son âme d'enfant, la nécessité économique de faire un happy-end pourrit tout le film :
grâce aux humiliations que Jamel a subi de son plein gré, le gentil patron annule le plan social et reconnecte avec son fils, tandis que les ouvriers en grève, qui faisaient la leçon à Jamel, se déclarent finalement prêts à subir la même chose lorsqu'ils apprennent la somme qu'il a touchée pour faire l'esclave. Vraiment pas glop.
Le film véhicule donc une morale conservatrice, voire réactionnaire, qui le rend assez antipathique. Mais on dirait qu'il véhicule ce message un poil nauséabond presque malgré lui, comme si le film subissait son scénario, ses producteurs et son diffuseur, M6, tandis que des artisans et des comédiens consciencieux se seraient efforcés de lui apporter un peu de leur savoir-faire et de leur générosité.
Bref, un film consciencieux mais parfaitement dispensable. Seul un visionnage en famille peut lui insuffler un peu d'intérêt...