"The Thin Red Line" est dans mon top 10 et "Badlands" est un classique. Hélas le Terence Malick version 2000 est en route vers la Lumière et j'en suis content pour lui, mais il a du mal à traduire cet "éveil" en terme de cinéma... Peut-être a-t-il fait un système de son approche, et ce système (dialogues off, musique planante, plans de nature etc... ) ne peut pas tout transmettre sur toutes les histoires. L'histoire de Pocahontas ici est mal servie je trouve par cette vision éthérée du monde que pousse Malick sur ses personnages.
Autant le dire, je me suis ennuyé ferme durant cet impressionnant opus qui a le bon goût de nous donner dans une première partie des images prenantes de ce nouveau monde que découvrent nos anglais. Malick reprend les thèmes chers à son cœur (vie naturelle, indigène en symbiose, viol de cette symbiose, cruauté des hommes entre eux..) et on prend plaisir à suivre ces cours d'eau qui dépaysent véritablement, tout en invoquant le mystère de cette contrée.Les indiens sont intéressants dans cette version, rieurs et dangereux, et l'on s'afflige d'avance en les rencontrant en pensant au terrible avenir qui s'annonce. Les colons sont proprement crasseux, comme on s'y attend et leur conditions de vie vont aller en empirant, comme de juste. Cette partie de l'histoire est assez bonne.
Après, les acteurs peinent , au vu des trois lignes de dialogues qu'on leur laissent dire presque à regret , à faire vivre une histoire d'amour qui eut mérité plus de développement, comme les soucis internes de la colonie. Je n'en veux pas à Farrell ou Bates ou Kilcher d'avoir essayé, mais ces longs plans monotones ou extatiques ont du épuisé leur patience...Il n'a pas fallu longtemps avant que l’asthmatique voix off " Qui suis-je? Où vais-je? Quelle heure est-il?" finisse par sérieusement lasser (alors que dans le fracas de la deuxième guerre mondiale de The Thin Red Line elle était presque un baume, ici elle semble créer un vide dans une nature qui s'en fiche... ). La partie anglaise (le vrai nouveau monde dont parle le titre) était ok, avec son design classique, manquant encore de dialogues, d'éclaircissements, mais Bates est plutôt bon dans le peu qu'on lui laisse.
On regrettera que la barbarie qui a prévalu dans l'établissement de ces colonies n'ait pas été plus explicite (elle se retourne beaucoup au début vers les colons eux-mêmes). Comme on regrette que les romances aient été si peu exploitées. Malick aurait peut-être du laisser tomber Pocahontas et se concentrer sur l'Histoire. Car ce destin individuel et celui des peuples en présence se chevauchent maladroitement ici. Manque de rythme, acteur en panne, contemplation oppressante plus que libératoire, tout concours à distiller un ennui mortel.
C'est beau et ambitieux avec un final somme toute assez sage, mais cela n'est juste pas convaincant...