J'ai tenté de revoir le machin il n'y a pas longtemps, pour la première fois depuis sa sortie, où j'étais alors allé le subir en salle.
À l'époque, j'étais un peu malade, je bossais trop et j'étais épuisé. Je me disais que, peut-être, ces paramètres avaient joué dans la très mauvaise opinion que je m'étais forgé du film. C'était plausible.
Donc, deuxième chance.
Ratée.
Je n'ai rien contre le mélange des genres ni les anachronismes. Certains font ça très bien. Regardez Alexandre Astier dans Kaamelott, pour prendre un exemple pas du tout au hasard.
Donc, balancer des arts martiaux dans la campagne française profonde pré-révolutionnaire, pourquoi pas.
Filmer un film d'époque avec un maximum d'effets modernes - gros plans, ralentis, énorme travail d'amplification sonore, etc. - pour casser le côté trop ampoulé qui plombe nombre de reconstitutions cinématographiques, excellente idée.
Croiser des références improbables façon Tarantino (western, cinéma asiatique...), s'éloigner des sentiers battus, oser, être audacieux, je dis banco.
Encore faut-il que le tout tienne debout.
Pour moi, rien à faire, dans Le Pacte des Loups, ça ne marche pas.
La faute à une réalisation vraiment trop stylisée, où tous les effets sont surlignés, balourds, grossiers, au fil de scènes de baston aussi prévisibles qu'interminables, taillées pour faire briller le talent mutique de Mark Dacascos.
La faute à des personnages plus stéréotypés tu meurs - la vieille noblesse hautaine et méprisante, le jeune aristocrate fin de race, la pimbêche fière et indépendante, la vieille prostituée mystérieuse... -, incarnés par des acteurs en roue libre (Vincent Cassel, insupportable), ou à l'inverse totalement falots (Jérémie Rénier, transparent, ou Samuel Le Bihan, pour qui il faudrait inventer le contraire du mot "charisme").
La faute, encore et surtout, à un scénario galvaudé, trahi, martyrisé en vain. Mais par quel sinistre miracle, bon sang ?
La Bête du Gévaudan, bordel !!!
Que se passe-t-il avec cette histoire ? Avec son mystère irrésolu, son contexte historique et géographique, elle a pourtant tout pour fournir une belle matière aux écrivains. Mais j'ai l'impression qu'à chaque fois, ceux qui s'y frottent échouent à en tirer le meilleur. Il y a sûrement des contre-exemples à ce que j'avance, mais il faut croire que je n'ai jamais eu de chance, je suis toujours tombé sur des trucs sans intérêt ou ratés.
Encore une fois, je ne reproche pas à Christophe Gans d'avoir voulu s'approprier la légende et de proposer sa vision de l'événement, voire d'inventer sa propre solution.
Quel dommage, en revanche, d'être passé par un chemin aussi prévisible, aussi lesté de poncifs, et d'étirer sur presque deux heures et demie une intrigue qui, sans ses scènes d'action (trop longues), aurait mérité une heure de métrage en moins ! Et, quitte à briser tous les codes possibles, il aurait été autrement plus excitant d'imaginer une résolution moins prévisible (sérieux, qui n'a pas trouvé le méchant dès le début ?!?)
C'est long, c'est chiant, c'est balourd, souvent risible.
Et je ne parle pas de la Bête elle-même. C'est souvent le problème dans les films de monstre : ce dernier fait davantage peur quand on ne le voit pas, quand sa présence est suggérée, quand il pèse par ses actes et sa menace hors-champ.
Le prologue du Pacte des Loups, par exemple, fonctionne plutôt bien. Il est un poil trop long (déjà), quelque peu complaisant dans la violence, mais il fiche la trouille. Mais dès qu'on voit la Bête en entier, c'est la rigolade. Ratage, encore.
Bon, j'arrête là. Il n'y aura pas pour moi d'autre chance pour Le Pacte des Loups. À regret, j'aurais vraiment aimé aimer ce film, l'idée singulière que Gans s'était faite du fait divers. Ça ne marche pas, tant pis. On ne peut pas mordre à tout non plus.