Le Pacte des loups par Gérard Rocher La Fête de l'Art

Une jeune bergère menant son troupeau est sauvagement attaquée et déchiquetée par une bête des plus mystérieuses, certainement un énorme loup. C'est en plein coeur de la sauvage région du Gévaudan en 1764 que se produit cet évènement. Le pire est à venir car déjà en 1766, cette créature continue à faire des victimes en s'attaquant notamment aux femmes et aux enfants. La crainte des villageois est énorme et le désordre règne dans la région, d'autant plus que les victimes se comptent par dizaines. Toutes les hypothèses circulent. Est-ce une créature surgit des enfers? Bientôt, c'est le royaume entier qui se passionne pour cette histoire à tel point que la cour du roi Louis XV s'en émeut. Par crainte des désordres, le souverain décide d'envoyer sur place le séduisant chevalier Grégoire de Fronsac, un naturaliste averti. Pour cette mission, il est accompagné d'un fidèle compagnon, un indien répondant au nom de Mani, expert en arts martiaux, rencontré durant la guerre de sept ans en Nouvelle-France. Leur mission est de dresser un portrait de cette bête maléfique, la capturer et la naturaliser. Nos deux hommes sont logés chez le Marquis Thomas d'Apcher et ne comptent pas quitter les lieux sans avoir réussi leur enquête. Toutefois, les autorités influentes de la région voient d'un mauvais oeil la présence du chevalier et de l'indien sur leur terre et vont le faire savoir en employant tous les moyens possibles pour les dissuader de continuer leur traque.

La légende de la bête du Gévaudan remonte au 18 ème siècle. Dans les veillées, les anciens de la région racontaient l' histoire troublante de ce genre de loup énorme, remonté des enfers qui s'attaquait et dévorait les personnes isolées et les enfants. L'énigme reste entière malgré les témoins de l'époque qui auraient vu et pourchassé le monstre après ses méfaits, sans jamais le capturer. Toutefois, dans ces années 1760, la France n'allait pas si bien et la misère était profonde dans les campagnes. Il ne fallait pas grand chose pour déclencher la révolte des miséreux, sévèrement réprimée par les autorités. De plus les luttes d'influence étaient nombreuses afin de s'en prendre à Louis XV, et cette affaire de la bête du Gévaudan ébranlait l'autorité du roi. Ce "mystère" qui aura fait une centaine de victimes en quelques années profitait pleinement à quelques personnages régionaux importants, lesquels voyaient d'un mauvais oeil le jeune Grégoire de Fronsac et son ami indien Mani mettre leur nez dans cette affaire. C'est ainsi que les loups furent chassés et leurs cadavres exposés afin de rassurer les villageois, toutefois la question que finirent par se poser de Fronsac et Nami était la suivante: et si les loups n'étaient pas ceux que l'on croit? En tout cas, si vous faites un petit tour dans le Gévaudan, vous entendrez encore parler de cette mystérieuse bestiole...

Le jeune et éphémère réalisateur Christophe Gans nous fait entrer dans une adaptation tout à fait libre de cette curieuse légende. En effet il nous livre une version de celle-ci franchement romanesque et angoissante. Malheureusement ce film est tout sauf convaincant. Nous assistons à une super production bourrée de clichés, émaillée de combats et de violences sanglantes gratuites qui ne s'imposent pas dans cette histoire selon moi. Par ces "scènes chocs" en tous genres et tape- à- l'oeil, Christophe Gans brise le mythe de manière brutale et le rêve cède alors sa place au cauchemar pour en arriver, c'est vrai, à une conclusion aussi originale d'inattendues, meilleur moment, si l'on peut dire, de ce film. Tout cela sent le cinéma racoleur, commercial et qui n'a qu'une qualité: celle d'être techniquement bien fait. Les dialogues sont d'une extrême platitude et loin de nous emporter dans l'extase d'une si belle légende. Malgré une prestigieuse distribution, les acteurs se débattent comme ils peuvent et semblent être venus faire acte de présence dans ce film à très gros budget. Toutefois cette réalisation n'ajoutera rien à leur gloire car ils l'ont obtenue dans des oeuvres plus significatives.

Il est dommage d'avoir utilisé cette si belle et captivante histoire pour en faire un banal film d'aventures pour ados en mal de sensations fortes. L'oeuvre de Christophe Gans ne s'étendra pas beaucoup plus loin qu'à ce film, heureusement car dans le genre scabreux, le Théâtre du Grand Guignol était du grand art.

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le 4 mai 2013

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