Lieu de rencontres et de joies estivales, le parc se ferait aisément le topos de l’insouciance amoureuse. Il en va autrement du Parc de Damien Manivel. À bien scruter le plan fixe qui l’ouvre, ou plutôt la masse d’herbe touffue qui s’y offre, l’entropie des relations, leur côté mort-né, s’annonce comme un sombre présage : le mégot de cigarette et le déchet en plastique, petites taches sur le vert gazon, évoquent déjà la consomption d’une relation. C’est que Le Parc se raconte d’abord au passé, d’un passé protéiforme qui engloutit ce que l’on appelle d’ordinaire le présent, soit cet espace-temps défini par l’ici et le maintenant. Restreignant l’espace filmé à la taille d’un parc, Manivel en fait la métaphore d’une machine à voyager dans le temps. Au point que les déambulations de Naomie (Naomie Vogt-Roby) et Maxime (Maxime Bachellerie), deux adolescents qui tentent de se rencontrer dans le parc, se font bien plus dans le temps que dans l’espace : histoire d’une marche en avant vers le présent de la rencontre (remonter le cours des souvenirs, rattraper le temps à n’être pas ensemble, s’acheminer vers la rencontre), et d’une marche à reculons dans le temps immémorial (démonter le temps, abroger le temps chronologique). Remonter, démonter : histoire d’une naissance et d’une mise à mort de l’innocence amoureuse.
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