Embaumé mais pas envoûtant.
"Le Parfum" est un film aux arômes essentielles mais à l'essence inodore. Sans fard ni fadeur, il tente de traduire non sans une certaine réussite les déboires du nez parfait abrité dans un corps désincarné.
Quel challenge : filmer les odeurs ! Et pourquoi pas peindre l'invisible, faire entendre les couleurs, goûter le néant ? Tom Tykwer relève pourtant le défi sans trembler. A travers une galerie de personnages aussi haut en couleur que les décors qu'ils habitent, le film parvient à ne pas chuter de ce fil d'équilibriste sur lequel il repose du début à la fin. Parfois proche du grand plongeon, "Le Parfum" réussit à garder une étique narrative qui le maintient quelque part entre le beau, l'honnête, et le génial.
Mais là où l'on aimerait caresser d'un peu plus près le mal-être de Grenouille, on ne fait que survoler son histoire, croiser son désarroi. A peine le temps de se faire son idée et le voilà déjà reparti. "Poussière, tu redeviendras poussière" disait le vieux Livre Saint; "Je donne mon corps par amour pour vous" lui répondit le nouveau.