Or, noir et sang
Qu’est-ce qui fait d’un film un très grand film ? Comment expliquer que s’impose à vous dès le premier plan-séquence, qui part du visage de l’interlocuteur pour très lentement révéler le Parrain,...
le 25 nov. 2013
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Ce qui est magistral avec Le Parrain, c'est qu'il se révèle davantage grandiose après avoir terminé le deuxième volet de la saga, et époustouflant de puissance artistique en ayant terminé la saga après le troisième volet. Il est donc difficile d'évoquer uniquement le premier film tant celui-ci prépare largement le second et lui donne tout son sens. Je vais tout de même essayer de me concentrer sur ce film en particulier, et développerai la suite dans mes critiques ultérieures sur les deux autres films de la trilogie.
Cette critique contient quelques spoils compromettant. A tous ceux qui n'ont jamais vu Le Parrain, je déconseille de lire cette critique.
Où en étions-nous ?... Oui bien sûr, Le Parrain est un monument, que dis-je, un chef d'oeuvre de l'histoire du cinéma. Le Parrain n'est pas qu'un film de gangster qui évoque la pègre de manière simpliste et attendu, Le Parrain est une oeuvre constituée d'émotions fortes, de réflexions sur la famille, sur les proches, sur la vie de couple. C'est aussi un film sur l'ascension et la chute, sur la difficulté du maintien de ce que nous construisons, de même pour la difficulté du maintien de ce que nous léguons en héritage. C'est aussi un film sur la gestion de la vengeance, de la colère, et l'usage de sa raison.
Les acteurs ? Marlon Brando avait reçu l'oscar du meilleur acteur qu'il a décidé de refuser, on comprend tout de suite pourquoi. Son jeu est incroyable, il incarne à merveille le père qui tient encore les rênes de sa famille malgré son âge qui ne cesse d'avancer. Il était impossible de trouver un meilleur acteur pour incarner ce rôle qui ne me semble aucunement surjoué tout en restant impressionnant à chaque seconde où il se situe dans une pièce.
Al Pacino est incroyable lui aussi. Son évolution est très bien mesurée et sonne juste. Il était le plus susceptible d'incarner la succession de son père et semble réussir tout ce qu'il entreprend pour le moment. Sur la fin, nous le sentons de plus en plus froid et calculateur, il essaye de suivre l'influence de son père, y arrivera-t-il ? Ceux qui connaissent la suite du Parrain ont déjà la réponse à cette question. Ses expressions de visage sont toujours parfaitement adéquates, Al Pacino est irréprochable, comme l'est Marlon Brando.
Tous les autres personnages sont tous aussi très bons, mais il serait beaucoup trop long de les détailler individuellement dans cette critique.
Il y a tout bonnement des scènes magnifiques, je pense notamment à celle dans laquelle nous retrouvons Vito Corleone âgé, qui meurt à la suite d'une attaque en train de s'amuser avec son petit-fils dans le potager.
Des scènes riches en émotions et en tension, comme la discussion entre Michael Corleone, devenu le nouveau parrain et sa femme, qui sous couvert de n'être qu'une simple dispute et un mensonge qui conditionne bien l'avenir du personnage de Michael, nous montre la complexité de sa psychologie et sa froideur parfois glaciale mais épatante et toujours juste.
Il y a un autre point fort important, l'aspect musical. La musique est magistrale. Elle accompagne magnifiquement la trilogie tout le long et elle nous reste en tête des jours après, voire des semaines.
De plus, Le Parrain n'est pas exempt de rebondissements, de situations inattendus et de suspense. On ne s'attend pas nécessairement à voir la femme de Michael Corleone fraîchement mariée, mourir dans un attentat de façon prématurée. De même, comment s'attendre à coup sûr de la mort du frère aîné de Michael lorsque celui-ci furieux, décide de se rendre chez sa sœur pour corriger une bonne fois pour toutes celui qui martyrise sa sœur quelques temps déjà.
Le Parrain, c'est également un amas de scènes cultes, comme celle de l'introduction et celle qui clôture le film. Des scènes qui ont parfois inspirées de nombreux réalisateurs et films postérieurs sans jamais égaler la puissance artistique et la maîtrise absolue de ce chef d'oeuvre.
La réalisation de Francis Ford Coppola est réussie du début jusqu'à la fin. Que ce soit les plans, les choix de mises en scène, la façon dont le scénario se déroule, les moments d'attente sur les visages des différents personnages, on sent une réalisation léchée, la patte d'un grand réalisateur qui prend son temps pour nous faire vibrer sans avoir besoin de nous lâcher douze plans rapides sur vingt secondes comme ce qui se fait aujourd'hui dans le cinéma moderne. C'est d'ailleurs pour cette raison que bon nombre de personnes n'apprécient pas Le Parrain. Ce n'est pas toujours l'histoire qu'ils n'apprécient pas, ils lui reprochent davantage sa lenteur, un public certainement trop habitué aux blockbusters américains sans aucune subtilité et aucune force émotionnelle. Coppola a confiance dans la puissance de ce qu'il a à nous raconter, et c'est ce qui fait toute la différence.
Le Parrain fait donc partie de mes films préférés. Il figure d'ailleurs dans mon top 10 où seule la Partie II apparaît, tout simplement pour ne pas mettre les trois films de la trilogie. C'est une histoire qui m'a marqué à vie. Je ne mets pas souvent de 10/10, mais la trilogie entière mérite cette note selon moi. Encore une fois, c'est quelque chose de personnel, je peux entièrement comprendre que certains ne soient pas autant sensibles à l'oeuvre bien que je la trouve extraordinaire. Seulement, rien que pour ce qu'elle a apporté au cinéma et ce qu'elle dégage encore aujourd'hui comme aura, on ne peut que s'incliner devant ce bijou du septième art. Merci Coppola pour ces moments intenses qui m'ont fait vibrer.
A bientôt pour une future critique du Parrain : Partie II, qui est sans doute mon préféré de la trilogie, bien qu'il soit très difficile de les dissocier les uns des autres, tant je les trouve tous géniaux dans ce qu'ils ont à nous montrer à l'écran.
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Créée
le 7 mai 2020
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