Or, noir et sang
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Aujourd’hui, je me lance dans du lourd. Du très lourd. Le parrain, film dont je n’avais aucune attente et qui est vite devenu l’un de mes préférés, à ranger parmi les plus grands des chefs-d’œuvre. Pourquoi ce film peut avoir la prétention d’être un des meilleurs qui soient ?
Tout d’abord, Le parrain a pour but de retracer la vie des mafieux italo-américains (entre autre) avec rigueur, et les valeurs chères de ces gangsters, qui sont principalement l’honneur et la protection de la famille. La famille présentée est celle des Corleone, dont le chef Vito (sublimement interprété par Marlon Brando), tente de faire régner la paix dans les Cinq familles, tout en se satisfaisant dans les affaires. Chef de famille qui n’hésite pas à rendre service par tous les temps, comme lors du mariage de sa fille Connie (Talia Shire). Il est entouré de son conseiller Tom Hagen (Robert Duvall), fils adoptif devenu avocat maître de la parole et de la conviction et de Sonny (James Caan), le fils ainé bouillonnant prêt à sauver les siens. Et dans une moindre mesure, Fredo (John Cazale) le cadet ailleurs et moins... doué que ses cohéquipiers.
Puis, l’évolution des personnages prend une dimension importante, en particulier sur celui de Michael Corleone (Al Pacino), benjamin tout gentillou, revenant de la guerre en Europe, et marié à l’américaine de souche Kay (Diane Keaton). Seulement, un élément déclencheur (à savoir une tentative de meurtre sur son père) va réveiller sa vengeance et son esprit mafioso, menant une succession d’évènements qui va jusqu’à l’amener à la tête d’une nouvelle famille Corleone, provoquant une descente aux enfers de Michael, le transformant d’un gentil militaire à une crapule sanguinaire.
On reprochera à Coppola de faire l’apologie de la Mafia, ce qui est partiellement vrai. Néanmoins, il contraste deux types de mafia : la « bonne mafia », celle de Vito, qui tend vers la paix (malgré des actions parfois hostile) ; et la « mauvaise mafia », celle de Michael, dont l’intérêt propre règne au-dessus du reste, usant de la tyrannie et du massacre pour satisfaire ses besoins et imposer son unique pouvoir, comme l’illustre terriblement la scène du baptême : un parallèle entre la venue de l’enfant dans le monde catholique et Michael dans le monde mafieux, le tout accompagné de ses premiers actes.
Le Parrain a pour mérite de donner une certaine image de la mafia new-yorkaise et étasunienne, remplie d’immigrés, traversée par la crise et le rêve américain, tantôt glorifiée, tantôt repoussée, elle offre surtout une image de la Famille et de l’honneur, offrant sa dimension tragique dans ses actes, et donne pour résultat presque trois heures où sont alternées peur, émotions et admiration.
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le 30 août 2016
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