Il ne faut pas s'y tromper. Si le deuxième acte de la trilogie de Francis Ford Coppola montre, par la majesté exubérante d'une photographie de carte postale, le faste d'une époque et de ses trente glorieuses, il s'agit en réalité de pousser plus loin enore plus loin les enjeux tragiques introduits dans le premier volet. Vito Corleone mort, le scénariste braque les projecteurs sur son héritier Michael devenu le comble du cynisme : froid, calculateur et antipathique, qui s'aliène ses proches et sa famille.
Pas étonnant donc, que le narrateur décide aussi de revenir sur les origines de la famille, en faisant de l'ascension de Vito Corleone (Robert de Niro) dans les années 20, humaine bien que motivée par le vice et la vengeance, un contrepied déchirant à la déchéance de Michael Corleone (Al Pacino). A cet égard, l'épilogue souvent évoqué est d'une cinglante amertume...
Plus encore que la dimension technique et narrative, il faut enfin souligner la qualité des interprétations. Diane Keaton incarne avec dignité l'épouse meurtrie. Al Pacino se fait l'incarnation même de la froideur. Robert Duvall de la loyauté. John Cazale de la fragilité. De Niro, de l'amour filial. Toutes ces figures, qui avaient déjà été posées dans le premier volet, de sorte qu'on pensait que tout était dit, sont ici magnifiées et frappées par la tragédie dans tout son fatalisme.