Voilà la sensation que m'a procuré ce film. J'ai beau écrire cette critique à chaud, en sortant du visionnage, je dois bien avouer que m'a déception est si grande que j'ai du mal à l'admettre.
Vais-je passer pour une caricature du cinéphile chiant et aigri qui déteste le cinéma américain mainstream tout en se branlant sur des films roumain muet ? Non ! Pour autant toute œuvre, chef d'œuvre soit-elle ou non, est critiquable et se doit d'être critiquée !
Alors voilà, j'ai découvert le premier volet de cette saga il y a un an ou deux. Et je dois dire que, bien qu'il ne soit pas des plus hauts dans mon cœur (sur le thème de l'histoire de l'immigration aux États-Unis je lui préfère Il était une fois en Amérique), eh bien il m'avait semblé qu'il tenait son rang et ses promesses. Le premier Parrain est le chef d'œuvre que l'on loue : des scènes marquantes, une mise en scène grandiose, grandiloquente et débordante, un sens du rythme aiguisé, un scénario maîtrisé avec des très bonnes scènes d'actions et des grandes envolées lyriques magnifiées par la musique de Nino Rota... Mais surtout, on a un icône, une légende, un mythe ! Le grand Vito Corleone ! Il faut bien dire que le Parrain construit dans ce premier volet est grand, immense et omnipotent. Il est la Famille ! Il est la Mafia !
Alors, passer après un premier volet qui a marqué les esprits était mission risquée. D'ailleurs, d'après ce que j'ai lu ici et là, le deuxième volet ne devait pas voir le jour. Mais bon, la magie du capitalisme a opéré et le peuple, qui n'avait probablement rien demandé, a eu sa deuxième ration de Parrain mais cette fois-ci sans Vito... Enfin plutôt sans Brando.
Car oui, Vito est bel et bien présent dans le Parrain 2 mais sous la coupe de Robert de Niro.
Je ne suis pas un fan de flashback, et pourtant je me suis surpris a préférer les scènes avec le jeune Vito en pleine ascension sociale qui l'emmènera vers sa vengeance finale contre l'assassin de sa famille. Mais alors, pourquoi avoir tuer Vito dans le premier si c'est pour lui faire porter le film dans le deuxième ?
Le parallèle entre Vito et Michael est évident, facilement perceptible, d'ailleurs on le perçoit bien avant la fin. Une faille dans le scénario, ou bien un manque d'envie d'écrire cette suite, qui sait...
Cela n'empêche que ce manque de courage dans l'écriture débouche sur quelques longueurs un peu lourdes et une lisibilité parfois brouillée, on se perd dans les personnages, les lieux, les temporalités... Sur un film de 3h20, c'est compliqué à accepter car ça rend l'œuvre difficile à comprendre et donc c'est difficile de rentrer dedans.
Mais là où le bas blesse le plus dans cette écriture c'est que Micheal, qui est le nouveau Parrain, n'arrive pas à la cheville de son père. Je ne pense pzs que ça soit du fait d'Al Paccino, qui incarne bien son personnage. Mais je mettrai ça à la fois sur l'écriture (qui met en avant Vito plutôt que Micheal), le montage (où l'on voit assez peu Micheal finalement) et la mise en scène !
On a compris qu'il fallait montrer que Micheal incarne mal l'héritage de son père, mais il faut aller plus loin dans la mise en scène. Montrer Micheal serait déjà un bon début. Varier les plans, les situations, les cadres... Jamais la mise en scène ne parvient à s'emparer du discours, et ça c'est triste. Les moments les plus réussi, sont rares et sont souvent contenus dans les flashbakcs avec Vito. Il y a quelques beaux plans et belles scènes qui mettent en scène la chute de Michael mais elles sont trop rares.
La photographie parvient, plus souvent, à rattraper le tout, surtout (encore une fois) dans les séquences de Vito qui nous plongent réellement dans l'atmosphère new-yorkaise du début du XXe siècle. De Niro est excellent dans son rôle et vole totalement la vedette à Pacino.
Enfin, je dois aussi parler de la musique. Cette grande bande originale, magnifique, devenue culte de Rota. Eh bien, elle aussi est mal utilisée. Alors peut-on parler d'une envie de ne pas faire du fan service ? Ou bien de faire quelques chose de différent ? La différence est bien là, mais le rendu est moins transcendant que dans le premier !
Les moments musicaux sont mal choisis, ne font sue très peu appuyer une émotion. Bref cette magnifique mélodie perd son sens premier, elle n'émeut pas, ou très peu. Elle vient combler les trous et encore elle n'est que très peu présente.
Alors oui, peut-être suis-je aigri pour certains. Néanmoins, pour un film autant acclamé et porté au pinacle du cinéma mondial (occidental surtout), et bien je trouve qu'il faut garder la tête froide. Moi qui aurait adoré en faire de éloges, parce qu'on me le vend en ces termes depuis des années maintenant, je me retrouve à en faire une critique, plutôt négative, car ma déception est grande ! Je tombe de haut ! Je ne comprends pas la hype autour de ce film, ni ce qu'il a de plus grand que le second (si ce n'est peut-être que Brando était une icône du passé là où Pacino était l'idole montant à l'époque de la sortie du film et qu'aujourd'hui encore il jouit de son aura dans la culture populaire...), ni encore ce qui en fait la "meilleure suite de l'histoire du cinéma"...
Mais il est toujours important de se faire son avis, même si celui-ci va à l'encontre de la pensée générale... Je ne regrette pas de l'avoir vu (je regrette simplement d'avoir été berné) et je conseille à quiconque de se faire son avis dessus, en hésitant jamais à le critiquer, malgré son statut culte qui le rend quasi intouchable !