Fort, intelligent, puissant, éternel
Beaucoup préfèrent le premier volet et je les comprends, de toute façon c'est toujours comme ça avec les grandes sagas : Brando, Caan, l'ascension de Pacino, la famille Corleone au complet, les fondements indélébiles d'un monument du 7ème art... Ouais, le premier envoie sec de chez sec.
Mais n'empêche que je préfère le deuxième... Que dire ? trois heures vingt minutes au compteur et pourtant je ne regarde pas une seule fois ma montre, une prouesse pour moi qui parviens à m'endormir devant "A Bout de Souffle" qui ne dure même pas 1h30 (ne m'en voulez pas m'sieur Godard), et pour cause, rien ne fait défaut dans cette petite odyssée mafieuse qui ne s'essouffle jamais en dépit d'un rythme lent et d'un nombre réduits de scènes d'action : Al Pacino est continuellement merveilleux dans ce rôle dans lequel il soutient le long-métrage à lui seul, c'est un plaisir de voir ce personnage froid et calculateur mener son empire d'une manière aussi crédible, tout dans sa voix, sa gestuelle et son regard témoignent d'un embrassement total avec la personne fictive qu'est Michael Corleone, sensationnel... Mais Diane Keaton, Robert Duvall, John Cazale et Lee Strasberg ne sont pas en reste et gravitent avec brio autour de Al.
Et quant à De Niro ? un régal absolu : s'il est un peu banal au départ, il maîtrise davantage le personnage de Vito au-fur-et-à-mesure qu'il devient le Don ; mon seul regret est qu'il ne soit pas assez présent à l'écran !
Et la musique, la musique... le thème "The Immigrant" me donne à chaque fois des frissons lors de la scène d'arrivée du jeune Vito Andolini à Ellis Island, idem pour le thème de la fin ; Nino Rota a fait encore mieux que le premier volet.
Je ne m'éterniserai pas sur le scénario sans véritable fil conducteur qui apparaît plutôt comme un soutien pour conter les chroniques d'un chef de la pègre ; de toute manière avec une réalisation aussi maîtrisée, un mise en scène aussi impeccable et avec un casting aussi brillant, une histoire devient inutile et on se contente de rester contemplatif devant une telle œuvre d'art.
Le Parrain II est profondément intelligent dans les réflexions qu'il inspire à travers la psychologie de Michael Corleone et dans ses dialogues, et rien ne vient ternir ce merveilleux tableau. Certains lui reprochent sa mollesse ; qu'il se dirigent donc vers les films de Michael Bay qui n'ont plus rien à prouver en terme de médiocrité... pour les autres, délectez-vous profondément.