Un an après son mythique Le Parrain, Francis Ford Coppola se lance avec Mario Puzo dans l’écriture d’une suite. Le Parrain : 2e Partie vient raconter la suite de l’histoire de Michael, désormais à la tête de la famille, ainsi que celle de Vito et de son ascension au début du XXe siècle.
Don Vito Corleone n’est plus, et Michael, son fils cadet, a la lourde tâche de devoir être à la tête de la famille Corleone. Le père n’est plus présent, mais son ombre plane toujours, et si son fils semble être à la hauteur du rôle, de nouveaux obstacles vont rapidement s’opposer à lui. Froid, implacable et surtout très ambitieux, Michael souhaite poursuivre le développement des affaires de la famille et de faire croître son activité. Si sa force de caractère montre une grande capacité de persuasion, elle camoufle également une peur permanente de la trahison et de l’échec, qui n’auront de cesse de le menacer. Dans un monde infatigable où le crime prend de plus en plus de formes et contamine de plus en plus de secteurs, il s’avère de plus en plus difficile de garder le contrôle sur tout ce qui entoure la famille Corleone.
A la différence du premier film, Le Parrain : 2e Partie s’articule en alternant deux récits parallèles. L’un exposant la jeunesse et l’ascension de Vito Corleone (Robert de Niro) au début du XXe siècle, et l’autre les premières années de Michael à la tête de la famille. Si ce retour en arrière permet d’expliquer l’origine d’un véritable mythe et de continuer à le nourrir, il permet surtout de donner de la profondeur au récit « actuel ». En effet, chaque séquence semble se répondre l’une l’autre avec une permanente contradiction, les succès de Vito répondant aux échecs de Michael. Ce sont, finalement, deux personnages et deux époques très différents qui viennent ici s’opposer.
Vito est présenté comme un personnage intègre et calme, qui a su résister aux injustices de la vie, et percer à une époque où l’American Dream était une réalité. Michael, quant à lui, est loin du jeune soldat loin des affaires de famille, comme au début du premier film. Il est devenu un chef intraitable, un père de famille tyrannique, un homme d’ambition qui fait de mauvais choix et s’embourbe dans de mauvaises combines qui entraînent pertes financières et humaines. En somme, s’il a suivi ce qui semblait être son destin, il est devenu tout ce qu’il a toujours voulu fuir. Vito était celui qui avait créé et fédéré la famille en étant son point central, et Michael, en prenant sa place, la fit éclater.
Baignant toujours dans la même ambiance et avec la même palette de teintes, Le Parrain : 2e Partie suit dignement les traces de son prédécesseur et s’avère presque aussi maîtrisé, ajoutant quelques niveaux de complexité empêchant parfois une bonne lisibilité du récit. Mais celle-ci se complète une nouvelle fois par la beauté et la puissance d’un film qui vient confronter personnages et époques dans une grande fresque pleine d’espoirs et de désillusions. Plus ambitieux que Le Parrain, ce second film ajoute encore un peu plus à la légende d’un univers et d’une trilogie mythique.