A l'issue du premier volet : Le Parrain est mort, vive Le Parrain 2 ! Et son digne successeur c'est Michael, l'intellectuel de la famille qui n'en fait toujours qu'à sa tête, le héros de guerre qui s'est naturellement imposé à son père après le décès de Vicky, son frère impulsif...
Ce très-long-métrage s'ouvre sur un flash-back contant l'arrivée du petit Vito à New-York en 1901 après la mort sous ses yeux de ses parents siciliens ; suivie de la communion - où un truc dans le genre - de l'un de ses petit-fils en 1958 (le fils de Michael). Et j'avoue être assez dubitatif quant à l'utilité réelle de cette dernière scène, au-delà de l'aspect passé/avenir de la famille, puisque c'est la jeunesse et l'ascension de Vito (Robert de Niro avec oscar du meilleur second rôle à la clé) et la suite des sanglantes aventures de Michael qui intéresseront Francis Ford Coppola. Le réalisateur alternant savamment les deux histoires pour en améliorer le rythme - parce que quoi qu'on en dise, plus de trois heures de film ça peut facilement devenir rasoir.
Et même si la partie Michael Corleone prendra évidemment plus de place, on aura bien deux histoires pour le prix d'une...
Michael subira d'abord, en cherchant à obtenir sa licence de Jeux, le racisme anti-rital d'un sénateur qui nous montrera sur la fin avec quelle dextérité le politicien qui se pensait intouchable retourne sa veste avec hypocrisie et faconde lorsque le vent de ses errements privés tourne en sa défaveur... Un enchaînement logique avec la fin de l'épisode précédent, où Michael démontre avec force son sang-froid et son intransigeance.
Mais le véritable détonateur de ce deuxième opus sera l'attaque non revendiquée au domicile de Michael et de sa femme. Michael se méfiera dès lors de tout le monde, ou presque, se voyant contraint de redonner le statut de consigliere à Tom Hagen, le seul en qui sa confiance aura toujours été totale même s'il l'avait mis jusque-là sur la touche des affaires familiales.
40 années plus tôt, dans un New-York pittoresque de 1917, Vito, qui a bien du mal à joindre les deux bouts, croise en allant au théâtre avec son pote un grand mafieux local - superbement vêtu de beige et avec le chapeau qui va bien - que tout le quartier semble craindre. Ca l'intéresse. Alors, s'acoquinant d'abord avec de petits truands qui lui apprendront le métier, et à gagner les quelques sous qui lui permettront de fonder une famille, il fera parler de lui jusqu'à ce que le riche gangster pinceur de joues finisse par l'approcher. Très vite, Michael comprendra qu'il y a une place à prendre... A noter également un plan magnifique sur les toits resté dans la légende du cinéma.
A la fin, Vito retournera en Sicile pour nous offrir une scène particulièrement puissante - et c'est fou ce que Robert de Niro ressemblera au Marlon Brando jouant les Parrains sur certains plans !
Mais le gros du film restera quand même la vengeance de Michael Corleone contre les commanditaires de l'attentat sur sa personne. Deux suspects : un vieil ami octogénaire de Mo Green (le bâtisseur de Las Vegas précédemment descendu par Michael) l'invitant d'abord chez lui puis avec d'autres représentants familiaux à Cuba, et celle d'un gros moustachu italo-américain, à la répartie souvent drôle, adorant faire son show. Un passionnant double-jeu se mettra en place entre les trois, ainsi que le sens des affaires pérennes de Michael se méfiant des rebelles cubains. Le problème, c'est qu'au milieu il y a Freddy. Freddy, c'est l'autre frère de Michael ; celui que ce dernier juge "avoir du coeur mais être bête" (et c'est clair qu'il lui en faut peu dans le pif pour faire de grosses boulettes). Et cette fois-ci, sa place de pion sur l'échiquier du Milieu s'avèrera prépondérante.
Il faut dire que l'intensité des rapports entre Michael et son frère (à l'image de ce terrible baiser) via l'importance de la place de leur mère, puis celle de sa très courageuse femme (:o), nous laisseront admirer un Michael Corleone de plus en plus impénétrable et définitif. Cette dernière demi-heure, où la tension remontera au plus haut après un très léger mou aux 3/4 du film, enchaînera les rebondissements. Une dernière demi-heure grâce à laquelle l'épaisseur donnée au personnage principal par Al Pacino le fera - à l'instar de celui de son père - entrer dans la légende du 7ème art. Il faut voir sa soeur lui baiser la main en signe de soumission...
"Je ne tiens pas à avoir la peau de tout le monde, seulement celle de mes ennemis !" répondra Le Parrain, 2ème du "surnom". Sauf qu'à son contact, personne ne peut rester clean bien longtemps : il ne demeure alors autour de lui plus qu'ennemis et futurs ennemis. Pas même le chat de son père. Mais du coup ? Qui tire réellement les ficelles ?
Une immense suite sur la solitude du pouvoir, et un second chef-d'oeuvre pour Francis Ford Coppola.