Tout comme Dancing Machine, je me devais de voir Le passage, premier film de René Manzor, dont sa désastreuse réputation le précédait, mais je ne savais pas à quoi m'attendre. Et finalement, ça n'est pas mauvais, c'est juste ridicule. Pourtant, je pense que ça part d'une bonne intention, à savoir une variation sur le mythe d'Orphée, sauf qu'Alain Delon doit réaliser un film d'animation pour sauver son fils, mais c'est d'une niaiserie... Je rapprocherais plus le résultat d'un Parking de Jacques Demy, sorti à la même époque, qui était lui aussi basé sur le mythe d'Orphée.
Sauf qu'ici, Alain Delon n'a pas de bandana clignotant sur le front, mais une main en moins, après avoir pactisé avec la Mort, pour sauver son fils.
Au moins, on peut dire qu'ici, Delon a pris un risque, jouant pour la seule fois de sa carrière dans le registre du fantastique, mais sauf qu'on a plus envie de rire qu'autre chose, surtout quand on voit comment la Mort choisit ses victimes ; sur un très vieil ordinateur et à fumer des clopes !
Et tout ça avec une voix d'outre-tombe, à surveiller la production d'un dessin animé sur la violence dans le monde, tout en noir et blanc mais avec seul le sang en couleurs.
Mais c'est là où on se demande où les scénaristes dont Alain Delon sont allés chercher de telles idées ! Sans oublier l'attentat auditif qui est la chanson finale de Francis Lalanne, On se retrouvera, où je pensais à moi, comme je m'aime... Désolé, je m'égare, mais la musique est aussi un problème dans le film.
En fait, on oserait imaginer si Jean Cocteau aurait modernisé son sublime Orphée, et ça pourrait donner ça, avec des acteurs tous mauvais (et quand même une femme nue, nous sommes dans une production Alain Delon !), et si le principe de base de base est intéressant, c'en est pas moins ridicule.