L'homme de nulle part.

Après une longue carrière en tant que scripte, notamment sur les films de son père, Florence Moncorgé-Gabin, la fille de qui-vous-savez a réalisé ce premier (et sans doute le seul) long-métrage revenant sur le monde paysan normand en 1950, et l'arrivée d'un homme de ferme qui va déchainer les passions dans un petit village où ne résident essentiellement des femmes et des personnes âgées.

Dans les années 2000, le monde paysan avait la côte dans le cinéma français avec des films comme Une hirondelle a fait le printemps ou ceux de Jean Becker, mais Florence Moncorgé-Gabin a cette chance d'avoir vécu dans ce milieu-là dès sa plus tendre enfance aux côtés de son père. De ce fait, les gestes qu'on voit, le parlé, la manière de se tenir sont tout à fait crédibles, avec ces gens qui sont toujours dans le secret, dans le non-dit. Et Grégori Derangère, l'homme qui va tout faire basculer est excellent, car on jurerait qu'il sort d'un film des années 1950, avec son physique élancé et sa bouille qui rappelle beaucoup un jeune ... Jean Gabin.

On y retrouve aussi Catherine Frot, Laura Smet, François Berléand, et Mathilde Seigner, qui est un peu la fille chaude du village, personnage qui a l'air complètement rajouté dans le script pour avoir un nom en plus sur l'affiche. Comme je le disais plus haut, le film se passe en 1950, au point de garder parfois certaines conventions de l'époque, comme la suggestion d'une scène d'amour où les corps sont allongés sur de l'herbe, avec un plan qui ne montre que les mains qui se serrent, ou la fameuse fête au village avec l'accordéon.

C'est peut-être vieillot dans l'approche, on n'a aucune surprise au bout du compte, par une histoire qui peut faire penser à Sur la route de Madison, mais la fille de Jean Gabin fait le boulot, en faisant quelque part un film d'époque, des paysages et un univers qu'elle a connus.