D'habitude, j'avoue ne pas trop prêter attention au téléfilm du vendredi sur Arte. Mais là, le sujet me branchait bien, n'étant jamais contre un bon petit thriller oppressant. Oppressant, voilà un mot qui caractérise bien « Le Patient », jouant volontiers sur la perception, les images mentales et l'esprit ô combien troublé de notre héros pour nous plonger dans un univers inquiétant, légèrement étrange et surtout très, très sombre, où l'on remonte peu à peu le fil des événements (dans une chronologie plus ou moins bousculée), de plus en plus étouffants, troublants.
On se doute bien qu'il y a un problème, un élément manquant, sans être vraiment capable de deviner le pourquoi du comment, jusqu'à la (double) révélation finale, débouchant sur un dénouement particulièrement brutal, violent. Dommage qu'il manque quand même plusieurs pièces du puzzle, les zones d'ombre n'étant finalement pas si nombreuses pour justifier une telle mise en scène. C'est clairement ce qui limite la réussite de l'œuvre, la transformant presque en exercice de style, habile voire brillant, exploitant au maximum son décor étouffant, mais pas totalement convaincante niveau scénario.
Côté interprétation, on retient surtout les femmes : Clotilde Hesme intrigue, Rebecca Williams émeut, Audrey Dana en impose. Notons, enfin, la partition inspirée d'Alex Beaupain, notamment à travers la chanson « Baisers bizarres », dont l'étrange douceur « électro » colle parfaitement à l'atmosphère du téléfilm. Un peu frustrant, sans doute pas assez rigoureux dans la démarche, mais intense, me donnant encore plus envie de découvrir l'univers de Timothé Le Boucher, auteur de la bande-dessinée dont « Le Patient » est tiré, et dont on imagine que la transposition n'a pas dû être évidente.