Pour son troisième long-métrage (sans compter sa participation au Prophète), le génial Tomm Moore s'associe à son fidèle directeur artistique Ross Stewart, qui l'épaule ici à la réalisation de ce nouveau conte irlandais mettant en scène une jeune Anglaise se liant d'amitié avec une wolfwalker, facétieuse créature vivant dans la forêt qui peut s'incarner en loup une fois endormie. Lorsqu'elle se fait mordre par celle-ci, notre héroïne va changer de bord et découvrir un monde de canidés plus pacifique qu'il n'y parait.
Bien moins complexe et fouillé que les deux précédents films de Moore, Le Peuple Loup n'en demeure pas moins une œuvre sensiblement maîtrisée, touchante, épique, dont le scénario emprunte (malgré lui ?) les prémices du Rebelle de Brenda Chapman avec cette fille un brin désinvolte, défiant la toute puissance paternelle pour devenir ce qu'elle chassait au préalable. Finalement assez classique dans sa forme, avec une linéarité conventionnelle, des gags et expressions presque Disney-ens et un climax de la même trempe, le long-métrage continue pourtant d'émerveiller, notamment grâce à la mise en scène toujours autant inspirée de Moore, ses décors singuliers et ses traits atypiques.
Continuant donc d'œuvrer dans une 2D féérique, propre et fluide (bien que certains traits de crayons se font apercevoir ici et là), recueil de multiples plans vertigineux et de décors peints à la main époustouflants, les réalisateurs irlandais nous plongent avec efficacité dans une péripétie médiévale enjouée, drôle, dynamique et émouvante, aussi enfantine que mature et dont l'éclat n'a d'égal que le travail fourni, visible à l'écran depuis les premières secondes. Un nouveau film d'animation qui ne vieillira pas.