En matière de programmation cinéma, parfois, il vaut mieux tard que jamais.
Car voilà seulement aujourd'hui que Le Peuple Loup passe par chez moi.
Et si le film valait le coup d'attendre, il y a quand même quelques occasions de tirer la gueule devant les affiches trônant au fronton de certains cinémas. Et pas seulement à cause de gros films vilains-pas-bien qui se battent pour truster les écrans, peu importe la nationalité.
Mais trêve de stériles digressions.
Parce que Le Peuple Loup mérite que l'on parle de lui avec enthousiasme et de favoriser un bouche-à-oreille dithyrambique, qui j'espère fera naître l'envie de mettre la main dessus le mois prochain, lors de sa sortie en physique.
Parce que Le Peuple Loup est tout d'abord un flamboyant festival visuel et sensitif gourmand, qui ne paie pourtant pas de mine au premier abord avec son trait très simple et épuré, ses couleurs d'aquarelle et ses formes géométriques quasi constantes à l'écran, qui oscille entre les lignes et les angles vifs de la ville de captivité à ciel ouvert et la rondeur de la nature et de la forêt. Où les verts, les ors, les rouges et les roux entrent en symbiose et flattent l'oeil de leurs accords.
L'oeuvre exalte de la même manière les légendes irlandaises et une atmosphère celte qui emporte immédiatement le spectateur, tout en se montrant d'une universalité et d'une richesse de plus en plus rare dans le domaine de l'animation. Le film s'abstiendra de la même manière d'asséner ses messages afin de seulement laisser parler le pouvoir de ses images et des sentiments qu'elles véhiculent, ainsi qu'une musique et des chansons tout simplement enchanteresses.
Et s'il y est question, bien sûr, d'amitié enfantine et de récit initiatique, Le Peuple Loup met aussi en avant sur la scène la liberté et la place de la femme, ce que représente la parentalité,une certaine forme de colonisation religieuse et culturelle. Ou encore l'intolérance de l'expansion humaine et son appétit de destruction, ou encore notre peur face à l'inconnu et notre rapport à une nature plus que jamais fragilisée.
Autant de thèmes, donc, qui feront rappeler durant la projection les plus beaux fleurons du genre animé, allant de Princesse Mononoké à Ame et Yuki. Et ce jusqu'au très récent Princesse Dragon, sur le terrain d'un père qui se projette à l'écran.
Autant de cadors que Le Peuple Loup rejoint immédiatement en faisant battre le coeur au même rythme, tant l'histoire de cette petite sauvageonne rebelle et ce petit moineau aussi blond qu'aventureux parle avec sincérité à notre âme d'enfant. Tout comme il fera écraser la même larmichette fugitive à la fin de la légende.
Le Peuple Loup est une oeuvre merveilleuse, touchante et animée d'une foi peu commune en son sujet, ranimant des couleurs et une magie propre à réenchanter nos coeurs.
Behind_the_Mask, qui pense que la forêt a aussi des yeux...