• Le style graphique de l’animation et les décors aboutis proviennent de la présence de décors naturels entièrement dessinés à la main, fruit d’une recherche documentaire minutieuse effectuée sur l’Irlande sur la plan historique et architectural des années 1500/1600. L’objectif du réalisateur et du staff d’animation était de trouver le décor adéquat dédié à chacune des situations présentes tout au long du film.
  • Ce film mélange des techniques diverses pour avoir ce rendu traditionnel de l’époque du Moyen-âge celte. Nous pouvons le remarquer avec la présence de traits de crayon encore visibles sur les loups, notamment sur les traits de construction accentués. Il est très difficile de finaliser un rendu à la fois esquissé et terminé, c’est-à-dire rendre visible des tremblements autour des personnages quand ils sont en mouvement, tout en évitant de trop les accentuer à l’image et de conserver simultanément ce volume. Le côté brut des traits dans la texture ainsi que le mouvement des lignes dessinées résultent d’un travail précis et minutieux de dessinateurs et de coloristes hors pairs.
  • Les séquences des courses marquant la profondeur volumétrique réalisées à la main ont été calquées depuis des modèles 3D ayant servi de base et de références picturales. La 3D n’apparaît à aucun moment dans le film puisque tous les éléments intégrés au logiciel Blender ont été redessinés par-dessus. Les 12 images par seconde représentent 12 feuilles de dessin pour faire une seconde de film. Le dessinateur reprendra le grain et le graphite couchés et illustrés sur papier. L’exemple flagrant est la scène de réveil de Robyn avec le dessin de 4 éléments et montrés avec un travelling complet : 1 500
  • Images imprimées et retravaillées par ordinateur en termes de montage et de mise en couleurs. Cette prouesse est phénoménale puisque ce mélange de 2D/3D et a été gérée par une seule personne, Eimhin McNamara supervisant un petit groupe d’animateurs.
  • L’animation est orientée grâce aux guides servant à savoir où peut se placer la caméra et définir les zones de marges afin qu’il n’y ait aucun élément venant parasiter ce cadre. Les mêmes principes s’appliquent et se répètent à l’infini dans « Le peuple loup » : il y a une petite anticipation à chaque fois que nous voyons un personnage se baisser : tout son corps va se lever jusqu’à se positionner dans une marque précise du cadre. Cette partie-là va durer un petit plus longtemps afin de ressentir en tant que spectateur ce côté suspendu et aérien avant qu’elle ne retombe. L’exemple de la cape est le plus flagrant : la cape du personnage va tomber un peu en décalée par rapport à d’autres éléments poussées par d’autres alors que d’autres tomberont seuls.
  • Les perspectives écrasées rappellent celles des peintures et des dessins d’époque : les perspectives sont plates et irréelles si celles-ci sont vues du ciel. Les différentes étapes de colorisation passent par la mise en place des différentes couches en ajoutant par la suite les éléments graphiques pour obtenir l’image finale. Il est à noter que malgré la simplicité de l’image, celle-ci est fournie de nombreux détails quand nous y prêtons attention.
  • Nous retrouvons les traits de personnages cartoonesques façonnés selon l’esprit saloon et chevalier avec des formes bien définies : carrées et rondes. En bref, créer des designs simples mais complexes à réaliser. Les caractères dépendent des formes dessinées :
  • - Le design ovale des chouettes et des loups représente la bienveillance.
  • - Les personnages menaçants sont dessinés avec des angles carrés et bruts.
  • Tel personnage aura une épaisseur de trait plus grosse avec des contours plus ou moins important ou volumineux qu’un personnage principal permettant de différencier l’ensemble des plans. Les séquences d’actions doivent être subtiles : les visages des personnages doivent adapter leurs émotions en adéquation avec la situation vécue. Elles sont réalisées graduellement et n’est pas faite en une seule fois (d’où la présence des nombreuses couches avant la colorisation finale).
  • Plusieurs éléments sont à prendre en compte : il faut tout d’abord changer le regard en fonction de la direction dans laquelle le protagoniste va regarder. Cette décomposition se fera ainsi : lorsque Robyn se concentre, il faut esquisser cette scène puis savoir dans quelle direction elle veut lancer la flèche de son arbalète, lui faire cligner ses yeux avant de lui refaire faire un autre mouvement. Elle va regarder où est-ce qu’elle va poser son arme, elle va recligner de nouveau des yeux pour finir par retirer sa capuche. Pleins de petits événements se passent simultanément les uns après les autres. Pendant ce temps-là, un oiseau va se poser sur l’échelle pendant que le focus se fera sur Robyn évitant ainsi aux animateurs de réaliser trop de mouvements au sein d’un même plan et d’être perdus. En regardant les vidéos sur internet, il est indiqué que sa cape va faire un petit mouvement en décalé. Cette pose va durer un peu plus longtemps (3 à 5 images) pour son temps de réflexion. Nous voyons l’application de courbes et d’arcs visible dans la scène avec son père : elle cligne des yeux, change de position en se grandissant, elle regarde son père et nous voyons la courbe et l’arc vers son père avec ce design rond et un volume différent évoluant au fil de la scène.
  • Les précédents films d’animation (« Brendan et le secret de Kales » ou « Le chant de la mer ») ont été coproduits avec la France et la Belgique tandis que « Le peuple loup » ont été une coproduction irlandaise, américaine et luxembourgeoise. Ce beau film d’animation grandiose et teinté de magie est à couper le souffle narré comme tel un conte féérique étant une ode à la nature et la liberté. Tout ce caractère mythologique des fables, des vieux contes, de la forêt et l’aspect des vieilles villes celtiques irlandaise infusent ce film d’animation. Cette dimension mystique est renforcée avec la présence des loups (le Wolfwalker symbolise le genre fantastique valorisé avec de belles couleurs).
  • L’ambiance familiale peut intéresser autant les enfants à partir de 8 ans que des adultes. Il n’y a qu’un sens de lecture unique, adéquate et homogène comprise par tous. La musique de Bruno Coulais (compositeur musical du film « Les choristes ») l’habille élégamment et met en valeur chaque personnage du casting. Nous retombons de suite en enfance lorsque nous visionnons « Le peuple loup », véritable terrain de chasse à l’imagination et la créativité débordante. Ce fragment de beauté et de douceur arrive à capter une essence novatrice visuelle. Nous sommes, de suite, immergés dans le récit avec des retournements de situations inattendus : les 2 fillettes amies devenant ennemies au fil du film à cause d’événements archétypes classiques à la limite du cliché par instant.
  • Le relief scénaristique est fort faisant ressortir la puissance dramatique et cinématographique ne s’interrompant jamais (me faisant penser à une autre œuvre : « Le roi et l’oiseau »). Cette multiplication des calques 2D avec cet enchevêtrement de couches de dessins : la roulade des 2 fillettes dans un tas de feuilles tournoyant nous emmenant dans un nouveau décor est jouissive à regarder. Nous retrouvons nos yeux d’enfant et nous nous attachons de suite à cette jeune fille espiègle, Robyn avec ses répliques pleines de pep’s et de répondant.
Lili-Jae
10
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le 29 oct. 2023

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Lili-Jae

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