La réalisatrice filme les corps avec une sensualité peu commune. Les corps des hommes et des femmes par ailleurs : la tentatrice Adaline (Liz Hurley) est à la fois caressée et dévorée par la caméra. Dans la scène où elle joue avec un glaçon dans sa bouche, la bande-son semble amplifier et détailler jusqu'à l'exagération l'entrechoc entre le glaçon et les dents et la langue de Liz... Avant que cette dernière le prenne entre ses doigts et le fasse glisser sur son corps seins nus en train de bronzer sur le ventre MAIS CECI EST UNE AUTRE HISTOIRE.
Liz Hurley, son corps, sa diction british de derrière les fagots, sa drague éhontée du mari de l'héroïne sont en soit tout un poème et auraient pu faire l'objet d'un film à part entière, mais malheureusement Le poids de l'eau est avant tout l'histoire d'un double meurtre se déroulant dans le passé de l'Amérique, à l'époque des colons norvégiens. Passer de Liz Hurley nue à cela, vous m'avouerez c'est un peu décevant.
Le film se déroule à la fois dans le passé et dans le présent. Au présent l'héroïne (qu'on devine cocufiée par son poète de mari depuis des années) mène une enquête sur un vieux meurtre jamais élucidé. Pour cela elle fait du bateau avec son mari, son beau-frère et la petite amie de ce dernier (Liz) parce que le meurtre s'est passé dans des îles. Voilà. Au fur et à mesure elle va découvrir la véritable identité du meurtrier et va se mettre à partager plus ou moins les sentiments qui l'ont poussée (c'est une femme) à un double meurtre - du moins c'est ce que le montage alterné suggère.
Mais le film reste timide sur ce parallèle pas vraiment pertinent et sans réel point culminant. Donc les scènes dans le présent font plus ou moins monter la pression sur le triangle "héroïne - mari - Liz" sans pour autant que ça aboutisse. Il y a bien une scène qui pourrait suggérer que l'héroïne, l'espace d'une seconde, n'aide pas Adaline à ne pas tomber à l'eau, mais ce n'est pas franc et après elle lui vient en aide.
Reste donc le récit dans le passé. Là on fait la connaissance de Maren, une colon de Norvège qui passe ses journées à travailler, se fait prendre sans passion la nuit venue par son John de mari et souffre à l'intérieur l'absence de son frère. On apprend que son frère est en fait l'amour de sa vie (inceste). Alors quand on voit arriver sa pimbêche de sœur + son frère avec sa jeune épouse, on comprend vite que Maren la frustrée va faire un carnage de toutes ces braves gens.
Cette partie est un film d'époque empesé avec force costumes qui insiste sur le personnage hautement pathétique de Maren, pour qui personne ne peut rien faire et elle la première. Je trouve ces personnages toujours très chiants au cinéma.
Le film se déroule ainsi sans surprise, heureusement rehaussé par la présence sensuelle et envoutante de Liz Hurley au présent. Sympa que le film ne tombe pas dans les clichés à deux francs en la tuant comme c'est souvent le cas pour les personnages féminins séduisants.