Sinan a fini ses études à la faculté et revient dans sa ville natale, Cannukale (l'ancienne Troie), en pensant pouvoir devenir écrivain. Il partage avec son père plus de choses qu'il ne le voudrait...
Le poirier sauvage est un film de Nuri Birge Ceylan de 2018. Comme ses précédents films (Il était une fois en Anatolie, Winter Sleep), le réalisateur signe un film de près de 3h10 pour expliquer le destin contrarié de son personnage principal.
Sinan est issu d'une famille dont le père de famille, professeur, a le démon du jeu. Il a beaucoup perdu et son vice l'a conduit à paupériser sa famille.
Sinan est en "conflit larvé" avec son père. Il veut devenir écrivain pour ne pas devenir professeur ou pire, s'engager dans l'armée pour "casser" du kurde dans l'est du pays ou du gauchiste.
Sinan est assez misanthrope. Blasé, peu avenant et n'acceptant pas son sort, Sinan n'est pas très aimable. Il présente aussi la particularité de se lancer dans des dialogues interminables avec ses contradicteurs (un écrivain dans une librairie, un imam flemmard qui aime déléguer ce qu'il a à faire dans son village..). Lors de ses dialogues qui durent parfois près d'une demi heure, le jeune turc angoissé qui se cherche aborde tous les sujets mais finit toujours immanquablement par provoquer et incommoder son interlocuteur.
Il y a quelques moments de poésie, notamment celui où Sinan discute avec une ancienne amie sous un arbre, ils s'embrassent, elle lui mord la lèvre...décidément le ver est toujours à proximité du fruit.
Le poirier sauvage m'a souvent "assommé" à cause de ses discussions au long cours quasi philosophiques interminables et de son anti héros qui personnellement n'a pas réussi à m'émouvoir. La longueur de certaines scènes tranche avec d'autres, très brèves et parfois incompréhensibles, où le réalisateur joue avec le spectateur (fin du film).
Pour autant, le poirier sauvage, qui n'est pas un film facile, a trouvé son public et son propos, s'il est ardu, n'est pas inintéressant. Le ton du film est très désenchanté tant dans le portrait de la famille de Sinan que dans celui de la Turquie d'aujourd'hui.
Ma note: un petit 6/10