Œuvre suspendue entre des pôles contraires : un film où rien ne fonctionne tout à fait, mais où, malgré tout, tout opère.
Robert Zemeckis, dans un élan d’audace technologique, opte pour la performance capture, alors que balbutiante. Ce choix, à la frontière de l’animation et du réalisme, confère au film une esthétique hybride, troublante. Ce rendu, souvent critiqué pour sa plongée dans "la vallé de l'étrange", trouve pourtant une résonance parfaite avec l’univers qu’il dépeint : celui d’un entre-deux. Entre l’enfance et l’âge adulte, le tangible et le merveilleux.
L’histoire, ténue et presque anecdotique, s’efface devant l’essentiel : le voyage. Zemeckis transforme le spectateur en passager, l’entraînant dans une immersion totale grâce à une mise en scène pensée pour la 3D. Des scènes entières, parfois presque gratuites dans leur fonction narrative, ne sont là que pour célébrer la virtuosité technique, nous emportant dans la frénésie des rails enneigés, le grondement de la locomotive, ou la magie chorégraphiée d’une danse de serveurs.
The Polar Express n’est pas un conte parfait, mais un voyage pédagogique à hauteur d'enfant. C’est un film qui nous rappelle que, parfois, la beauté réside dans l’imperfection, et que les rails qui mènent au Pôle Nord traversent aussi nos doutes, nos émerveillements perdus, et nos rêves d’enfant jamais tout à fait éteints.