Le pont de la rivière Kwaï marque un tournant dans la carrière de David Lean. Le réalisateur anglais va prouver qu'il se sent tout aussi à l'aise dans la gestion d'un film à gros budget. Ensuite viendront d'autres grosses productions, comme Lawrence d'Arabie.
Dans Le pont de la rivière Kwaï, un officier japonais, le colonel Saito, veut forcer des prisonniers anglais à travailler à la construction de l'ouvrage éponyme. Le colonel Nicholson, invoquant la convention de Genève, refuse que les officiers travaillent. S'ensuit un bras de fer entre deux volontés.
Tout le monde connaît le thème sifflé du film. C'est ainsi qu'arrivent les anglais, défilant en bon ordre et sifflant un air guilleret, sous l'œil amusé d'un captif américain. De la discipline et de la bravade, c'est ainsi que sera présenté d'emblée le personnage du colonel Nicholson, merveilleux Alec Guinness qui campe un personnage inoubliable, dont le courage révèlera dans sa face sombre une terrible mégalomanie qui lui fera commettre des actes qu'il devrait réprouver plus que tout au monde. Moins intéressants sont les deux autres personnages principaux. Le colonel Saito est tyrannique jusqu'au crime de guerre, craignant pour sa vie si les délais de construction ne sont pas respectés. Il s'humanise ensuite, lorsqu'il voit que les anglais mettent du cœur à l'ouvrage. Pourquoi pas, mais je trouve que ce traitement souffre de certaines lacunes, voire de naïveté.
Le pont de la rivière Kwaï reste un superbe spectacle, et la fin, révélant jusqu'où peut aller la folie de Nicholson, est magistrale.