Prisonniers dans un camp japonais au coeur de la jungle birmane, des soldats anglais construisent ce fameux pont sur la rivière Kwaï que, dans la seconde partie du film, un commando allié doit se charger de détruire.
En revoyant le film de David Lean, on n'échappe pas à une certaine déception, celle que provoque une histoire, d'après le roman de Pierre Boulle, qui, en dépit du cadre historique et géographique où elle se déroule, manque autant d'intensité que d'originalité dramatiques. Certes, on voit de beaux paysages et on sifflote, avec eux, l'air célèbre des prisonniers anglais.
Mais ce long film accumule les clichés, notamment en ce qui concerne les personnages principaux (l'officier britannique digne, le japonais martial, l'américain désinvolte) et développe une action sans relief dans un contexte qu'on jugera finalement assez peu réaliste. Comme on peut le mesurer dans les dernières scènes, autour du pont, assez palpitantes mais convenues et même théâtrales. A vaincre sans véritable péril -la construction du pont pour les prisonniers, l'avancée dans la jungle pour le commando- on triomphe sans beaucoup de gloire. Lean restitue mal, voire l'occulte, la pénibilité de la tâche des uns et des autres.
Au coeur de ce scénario sans beaucoup d'imagination, on trouvera quelques réflexions superficielles sur la guerre et sur l'attitude des homme qui la font, diverses conceptions opposées communes au film de guerre courant et l'esquisse d'un personnage intéressant, celui joué par Alec Guiness, britannique orgueilleux et maitre d'ouvrage d'un pont dont il finit par oublier qu'il sert la cause des ennemis japonais.