Film de guerre sans guerre, "Le Pont de la Rivière Kwaï" est pour David Lean une nouvelle occasion de nous montrer son talent à faire du grand.
Grand par l'image (cinémascope, beaux paysages, grand angle), grand par le nombre de figurants, grand par ses décors, grands par les thèmes évoqués.
Car on apprécie pas ce film pour sa mise en scène qui, si elle est parvient à délivrer quelques belles images, est assez simple et figée. De ce côté le film fait très vieille époque, sans forcément que cela rende vieux. Le film est classe et classique.
Mais si l'on apprécie "Le Pont de la Rivière Kwaï" c'est pour les thèmes avec lesquels il jongle. S'il est un peu soporifique dans sa première partie il parvient à prendre un rythme soutenu et plaisant à partir de la libération du personnage d'Alec Guiness. Rythme qui ira crescendo jusqu'à un final brillant, au suspens insoutenable et au goût amer et ironique. S'y retrouvent alors un duo de comédiens aux antipodes mais reliés par un même élan patriotique et guerrier.
Ainsi se dégagent de ce film, épique, de beaux thèmes et de belles scènes d'esprit militaire qui soulèvent toutes de grandes questions. Jusqu'où aller dans l'observance d'une loi, d'un devoir ? Jusqu'où apprécier l'ennemi ? Peut on pactiser avec l'ennemi si cela profite à tous ?
Si les Japonais sont un peu moqués, montrés comme des badauds, on se plaît pourtant au véritable humour que parvient à atteindre le film, notamment grâce au personnage manipulateur et, au final, manipulé, de William Holden, usurpateur d'identité, Yankee paumé au milieu des buveurs de thé.
Ainsi, sans être le chef d'oeuvre annoncé, "Le Pont de La Rivière Kwaï" est un honnête spectacle et un étonnant film de guerre qui se regarde avec un plaisir non dissimulé.