Le dernier pont

Les ponts (sur le Rhin ou ailleurs) pendant la 2ème guerre mondiale ont beaucoup inspiré le cinéma. C'est un peu normal puisque ce sont forcément des points de passage donc stratégiques.
Là dans ce film, le pont de Remagen est d'autant plus stratégique que c'est le dernier sur le Rhin permettant le passage vers l'Allemagne soit des armées allemandes en retraite soit des armées alliées.
Faut il le détruire ou pas ? La réponse à la question dépendra forcément de la vision qu'auront les différents stratèges de Hitler à Eisenhower.
Au delà de l'aspect historique que je n'ai d'ailleurs pas vérifié, le film présente plusieurs intérêts.
D'une part le désenchantement de toutes les armées en présence : pour les uns, la victoire n'arrive pas assez vite, pour les autres, à part les fanatiques (encore nombreux), c'est la défaite qui n'arrive pas assez vite.
D'autre part, le film montre plutôt bien la part d'incertitude dans les décisions. Le commandement allié part dans un premier temps pour une destruction du pont puis, après analyse de la situation ou de l'évolution de la situation, il apparait plus pertinent de s'emparer et de conserver le pont. Evidemment, la donne n'est plus la même et ce revirement se paye par quelques victimes de plus dans les rangs alliés. On rétorquera que ces morts supplémentaires avaient pour objectif d'en économiser par ailleurs bien plus puisque le fait de disposer d'un pont permettra d'écourter la guerre. Au final, ça sera probablement invérifiable. Comme on sait, les promesses n'engagent que ceux qui les écoutent.
Coté allemand ce n'est pas mieux, la SS a pris la main sur la Wehrmacht et flingue les officiers désobéissants ; en comprenant que la notion de désobéissance est assez élastique puisque "avoir survécu" en même temps "qu'avoir perdu une bataille" est considéré comme une lourde trahison punie de mort.
Le major Kruger (Robert Vaughn) s'interroge au moment suprême "mais qui sont nos ennemis ?".
Donc le "pont de Remagen" est un film de guerre, classique certes, avec quelque chose de plus qui permet d'alimenter une réflexion sur la finalité de tout ça et surtout pourquoi on en est arrivé là..
Côté casting, pas de grosses pointures mais des acteurs solides (R. Vaughn, Peter Van Eyck, Ben Gazzara et Georges Segal), pour certains coutumiers des films de guerre.
Ben Gazzara en détrousseur de cadavres (allemands, of course) ajoute une touche peut-être de crédibilité. En effet, il a bien dû y en avoir tant ce réflexe de la prise de butin est quelque chose qui me parait ancré dans toutes les armées du monde.
Par contre, un personnage féminin s'invite à la fiesta et même trouve le moyen brièvement de se déshabiller : alors ça, c'est quelque chose de parfaitement inutile dans le film. Je n'ai d'ailleurs pas compris l'intention du scénariste ou du réalisateur car la fille ne fait qu'entrer et sortir, sauf à introduire une séquence de racolage.