L'humanisme du XXIème siècle

Quel magnifique film ce PONT DES ESPIONS ! J'ai l'impression que Steven Spielberg et Tom Hanks se complètent à merveille. On ne le dit jamais assez mais le talent de Tom Hanks est considérable, véritable acteur capable de se glisser dans n'importe quel type de rôle mais il n'est jamais aussi bon que lorsqu'il interprète un homme normal, avec ses défauts et ses qualités. Et Spielberg magnifie cet interprétation par une direction impeccable de cet acteur. Mieux, il dirige formidablement tous les acteurs de ce film, de Mark Rylance à Scott Sheperd.

Et ce qui marque dans ce long-métrage de Steven Spielberg, c'est se profond humanisme qui s'en dégage. En racontant une histoire mineure - sans l'être totalement - se déroulant au cœur de la Guerre Froide, il nous conte comment les humains devraient se comporter entre eux. Le respect d'autrui est le maître mot de ce long-métrage et le scénario des frères Coen démontre à bien des égards que ce respect ne doit pas être qu'une façade mais une véritable valeur que chacun doit démontrer chaque jour d'une manière ou d'une autre. On le remarque par le personnage de James Donovan, homme de conviction et humain avant tout et bien qu'on lui donne la défense d'un présumé espion soviétique d'office et pour faire bien, voit cet homme comme un homme qui à le droit à la justice et au respect. On le remarque également par le peu de cas que font les autorités pour le jeune étudiant en économie à Berlin-Est, Pryor. Celui-ci se retrouve un peu au mauvais endroit, au mauvais moment et n'est qu'un homme perdu dans ce sac de nœuds, qui n'intéresse personne, personne sauf Donovan qui voit encore ici la possibilité d'aider un être humain.

Nous réagirions sûrement comme la plupart des gens, condamnant immédiatement l'espion pour ce qu'il a fait ou fait ou peut-être pas fait. Et Spielberg ne condamne jamais ces gens agissant ... humainement. En effet, il est humain de juger rapidement autrui mais n'est-il pas plus humain de revoir notre jugement et de réfléchir à l'humain avant tout ? Ainsi, Spielberg touche à notre conscience et à nos sentiments pour nous rappeler ce qui fait des être humains, l'altruisme. L'aide du prochain permet de nous définir et de voir quel genre d'Homme nous sommes.

Le scénario des frères Coen, touchant, nous rappel à biens des moments que l'Homme se défini par son altruisme, son souci de l'autre et du travail pour apprendre à connaître autrui. Par l'humour, les marques d'attention, l'objectivité, le respect et l'humilité. James Donovan transpire ces valeurs et nous aide à nous analyser. C'est un homme simple qui bien qu'il voit les horreurs du monde souhaite avant tout retrouver sa famille et son lit moelleux, il n'est pas parfait et ne change pas le monde mais montre, comment, à notre échelle, nous pouvons changer notre monde. Dès lors, on le regarde avec suspicion au début et le regarde avec bonté à la fin.

Ce nouveau cru de Spielberg dévoile à quel point il est difficile de faire preuve d'humanisme dans ce monde, avec tous les enjeux politiques qui existent. En aucun cas Steven Spielberg ne défend des valeurs nationalistes, patriotiques ou nous montre les Etats-Unis comme un pays parfait. James Donovan ne représente pas son gouvernement comme il le dit souvent, mais il représente l'Homme. Ce beau message délivré par Spielberg, avec l'aide du scénario des frères Coen, accompagné des belles interprétations des acteurs m'a touché par sa sincérité. Le tout servi par une mise en scène aérienne et précise de Spielberg, un rythme maintenu non par l'action mais les enjeux humains, une photographie d'une extrême beauté de la part de Janusz Kaminski et une bande-originale réveillant les coeurs de Thomas Newman et une direction artistique parfaite. Des plans marquent les esprits, des dialogues font sourire et des interprétations touchent.

Un film humain véhiculant des émotions que peu de film m'ont fait ressentir, merci Steven.