L'Allemagne déleste
Il y a en fait deux films dans ce Pont des Espions, et le plus réussi des deux n'est pas celui auquel on pourrait penser. La première partie est, de fait, bien mieux qu'une simple mise en place...
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le 9 févr. 2016
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Pendant la Guerre froide, James Donovan, avocat américain, décide de défendre Rudolf Abel, un espion soviétique alors installé aux Etats-Unis. Ce procès est une manière de présenter les Etats-Unis comme une nation où règne la justice, contrairement à l’Union Soviétique. Cependant, l’avocat, interprété par Tom Hanks, parvient à épargner à Abel la peine capitale contre l’avis du juge et de l’opinion publique. Nait alors un climat de suspicion générale envers Donovan, dur à assumer pour sa famille. Seulement, le jour où l’Union Soviétique propose d’effectuer un échange entre Abel et un espion américain fraichement cueilli, la donne risque de changer pour Donovan : le contexte politique tendu lui offre la possibilité de réhabiliter son image auprès de l’opinion américaine. L’opportunité est belle, mais n’en reste pas moins dangereuse…
Spielberg a ici le mérite de mettre en avant le rôle crucial d’un homme souvent trop vite oublié.
Un sujet noble mais risqué
Des films sur la Guerre froide, on en a vu des tonnes, et des bons comme des moins bons. Comme tous les domaines où la littérature est abondante, il était difficile de faire un film qui sorte de l’ordinaire sur un sujet historique encore délicat. Spielberg a ici le mérite de mettre en avant le rôle crucial d’un homme souvent trop vite oublié. C’est tout à son honneur de vouloir réhabiliter les figures arbitrairement écartées de l’Histoire. Cependant, en faire un film était un pari osé. Le résultat est bon : on se laisse prendre rapidement par le destin de cet avocat américain qui n’avait rien demandé à personne. Le biopic est assez classique mais efficace. Néanmoins, la vision de la Guerre froide présentée ici n’en reste pas moins gênante : elle paraît trop idéaliser ce qu’était le camp américain lors de son opposition avec le bloc soviétique. Il est dommage qu’un film qui se veut intelligent prenne un aspect si naïf.
Un thriller assez classique
La narration des faits est plaisante, même si elle prend parfois un peu trop son temps et donne lieu à quelques longueurs. Les beaux plans sont nombreux et les répliques comiques parsèment savamment ce thriller diplomatique. La prestation de Tom Hanks est sincère : il est le véritable pilier du film. Encore une fois, il démontre sa maîtrise par son jeu d’acteur impeccable. La pléiade d’acteurs qui l’accompagne est aussi un solide point d’appui. Le film se laisse regarder sans soucis : l’efficacité à la Spielberg en somme. Malheureusement, la tension paraît artificielle et la façon dont elle est maintenue ne diffère finalement pas des techniques utilisées pour des thrillers plus « classiques ».
Un côté pathétique qui ne passe pas
Le film prend parfois un ton grave d’autant plus quand certaines scènes se veulent dramatiques. Seulement le pathos ne prend pas. Là où on devrait s’attrister pour le héros et la population allemande, on reste devant l’écran, indifférent et sceptique. Certes, l’ambiance d’époque est bien rendue, mais il n’en reste pas moins un malaise : le spectateur ne se sent pas en immersion dans le film et en pleine Guerre froide, dans une situation tendue et électrique. Il est alors difficile pour un film retraçant le parcours essentiel d’un diplomate secret de convaincre quand l’ambiance n’est pas pesante.
Mon verdict ? Plutôt déçu alors. Mais cela reste évidemment un film que vous pouvez voir. Mes attentes étaient trop grandes pour réellement apprécier ce film qui n’est en rien mauvais et qui reste très instructif.
Valentin
On peut reprocher au Pont des espions d’être un peu trop pro-américain.
Il faut reconnaître que l’on passe un bon moment devant ce film, notamment grâce à un scénario plutôt bien écrit qui rend compte de la tension et de la paranoïa qui envahissent les esprits au moment de la Guerre froide. Mais, ce scénario est malheureusement sans surprise (peut-être parce qu’il est tiré d’une histoire vraie). Même le dénouement n’apporte pas la tension particulière que l’on retrouve dans les autres œuvres du réalisateur. On regrette les scènes qui suivent, n’apportant plus rien au film et devenant alors presque ridicules. Enfin, on peut également reprocher au Pont des espions d’être un peu trop pro-américain, présentant les Russes comme beaucoup plus violents qu’ont pu l’être les Américains. Les geôliers soviétiques prennent, en effet, plaisir à faire souffrir leurs prisonniers tandis que les Américains, à l’inverse, font tout pour respecter le droit international.
En somme, Le Pont des espions se veut, en fait, être l’histoire d’un homme considéré comme paria, qui revient en héros – héros magnifiquement interprété par Tom Hanks dont le jeu est une fois de plus impeccable. Malheureusement, ce thème demeure trop banal, ou bien n’est pas assez exploité dans le film car la tension est loin d’atteindre son maximum. Bref, un goût d’inachevé ressort de ce film historique, loin d’égaler la qualité de La Liste de Schindler par exemple...
Bruno
Créée
le 31 janv. 2016
Critique lue 173 fois
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